Paris (75)

Barreau de Paris Solidarité : le droit au service de l’intérêt général

Publié le 17/05/2023

Depuis sa création en 2011, le Barreau de Paris Solidarité poursuit le même objectif : favoriser l’accès au droit pour tous. Le fonds de dotation, qui conduit ses missions grâce à l’engagement d’avocats bénévoles, aide essentiellement les personnes isolées. « Les besoins augmentent », explique Théodore Malgrain, le responsable de la coordination de la structure.

Actu-Juridique : Quelles sont les missions du Barreau de Paris Solidarité ?

Théodore Malgrain : Nous avons schématiquement trois missions principales. La première consiste à encourager les membres du barreau de Paris à s’engager dans le soutien juridique bénévole. Pour cela, nous allons à la rencontre des avocats lors d’événements professionnels pour les inciter au pro bono et les guider dans leurs démarches s’ils sont intéressés. Aussi, le Barreau de Paris Solidarité a pour objectif de compléter la mission d’accès au droit du barreau de Paris en nous adressant à des publics encore plus éloignés du droit via des dispositifs moins institutionnels. Je pense notamment aux réfugiés, migrants ou aux personnes en situation d’extrême pauvreté. Enfin, nous soutenons les actions de solidarité déjà existantes grâce à des appels à projets et un engagement financier. Cette année, par exemple, nous avons décidé de cibler notre soutien financier vers les actions associatives qui défendent l’accès au droit des personnes étrangères et/ou vulnérables face à la dématérialisation des services publics et procédures administratives.

AJ : Quelles actions menez-vous sur le terrain pour aider les publics visés ?

Théodore Malgrain : Nous organisons différentes actions, mais deux sont principalement développées. La première, c’est le « Bus solidarité ». Concrètement, le véhicule est aménagé et pensé de manière à faciliter l’accès au droit pour les personnes précaires. Des boxes permettent ainsi à des avocats bénévoles d’aider, dans un cadre adéquat, les usagers dans leurs démarches. Il s’agit d’un dispositif de type « aller vers ». Concrètement, c’est le bus qui se déplace vers les publics en s’installant, toutes les semaines, dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville de Paris. L’utilisation d’un tel véhicule a pour avantage d’être perçu comme moins institutionnel et donc moins intimidant pour des personnes qui sont souvent gênées au regard de leur situation. C’est aussi une opportunité pratique et facile pour elles de rencontrer un professionnel sans avoir à faire des démarches de prises de rendez-vous parfois complexes.

De la même manière, nous avons noué de nombreux partenariats avec des associations qui travaillent avec des publics précarisés. Cela nous permet, dès lors, d’avoir des permanences au sein même des locaux des associations et d’être directement aux contacts des publics qu’elles accueillent. Nous travaillons notamment en collaboration avec Médecins du Monde et le Secours Populaire. Nous nous sommes rendus compte qu’une bonne partie des personnes que nous rencontrons, lors de ces permanences, font face à des problèmes d’ordre juridique qui ont tendance, en réalité, à aggraver leurs situations et à leur causer du stress. Notre action est donc complémentaire de celles menées par les associations. Par ailleurs, en travaillant avec ces acteurs connus et reconnus, il est plus facile, pour nous, d’installer un climat de confiance. C’est un gain de temps précieux.

AJ : Qu’est-ce qu’une action pro bono telle que vous l’évoquiez tout à l’heure ?

Théodore Malgrain : Pro bono publico, précisément, est une locution latine qui définit le travail réalisé gracieusement par un professionnel pour le bien public. Et de fait, chacun des avocats qui interviennent avec le Barreau de Paris Solidarité le fait bénévolement. Le pro bono est notamment très développé dans le monde anglo-saxon, où il y a historiquement moins d’aide juridictionnelle comme en France.

AJ : D’ailleurs, vous organisez chaque année les Trophées Pro Bono. Cela a pour objectif de distinguer l’investissement personnel d’avocats ?

Théodore Malgrain : Les prix remis dans le cadre des Trophées ne visent pas nécessairement à distinguer seulement l’action d’un avocat, mais aussi celle d’un cabinet ou d’un collectif, et d’un élève avocat. L’objectif est de valoriser avant tout l’engagement d’acteurs en dehors du champ du Barreau de Paris Solidarité. C’est aussi un moyen de faire vivre l’écosystème pro bono et d’alimenter cette dynamique en faveur des publics précaires ou en situation d’exclusion. De plus, ces prix décernés ne sont pas dotés.

AJ : Constatez-vous une hausse du recours à vos actions ?

Théodore Malgrain : Oui, très clairement. Les besoins augmentent et les moyens mis à disposition par l’État pour l’accès au droit, quant à eux, stagnent. Nos actions en deviennent d’autant plus essentielles. La crise sanitaire, notamment, a provoqué une hausse assez importante des questions liées au droit du travail et des entreprises, principalement pour les salariés ou dirigeants de TPE. À Paris, on le sait, il y a des demandes massives pour un public dit « exilé » en situation de grande précarité. Pour ces derniers, la situation générale se dégrade très rapidement. Auparavant, les personnes sans aucune solution d’hébergement étaient essentiellement des hommes seuls, mais les situations de sans-abris me touche dorénavant et de plus en plus des familles entières. Et malheureusement, il y a fort à craindre que cette tendance ne s’arrêtera pas de sitôt !

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