Cédric Blanchet : « La crise du Covid-19 a accéléré les innovations entrevues depuis des années »
Cédric Blanchet a été élu président de la Chambre des notaires de Paris, le 15 septembre dernier, et succède à ce poste à Bertrand Savouré. L’ancien premier vice-président de la Chambre, qui aborde son mandat dans le contexte particulier de la crise sanitaire, souhaite notamment renouveler la relation entre les professionnels et leurs clients.
Les Petites Affiches : Comment s’articulent vos premières semaines à la tête de la Chambre des notaires de Paris ?
Cédric Blanchet : Nous avons organisé de nombreux événements depuis mon élection le 15 septembre dernier. Certains devaient se tenir initialement lors du premier semestre mais ont été reportés du fait du contexte sanitaire. Le Sommet du Grand Paris, que nous avons co-organisé avec La Tribune et les Acteurs du Grand Paris, a été, à n’en pas douter, le rendez-vous phare de cette rentrée. Nous avons également participé bien entendu au Congrès des notaires de France qui s’est tenu du 8 au 10 octobre dernier, à Paris. Ce fut donc, vous le constatez, un début de mandat très chargé pour moi et le nouveau Bureau de la Chambre.
LPA : Quelles sont vos priorités pour votre mandat qui dure deux ans ?
C.B. : Il est essentiel, il me semble, de poursuivre le rapprochement entre toutes les chambres des notaires de la région dans le cadre du développement du Grand Paris (Chambres de Paris, des Hauts-de-Seine, de Versailles – Val d’Oise, de la Seine-et-Marne et de l’Essonne). Il faut que nous continuions notamment d’harmoniser nos pratiques sur l’ensemble du territoire francilien pour assurer un service plus efficace et plus lisible pour nos clients.
Concernant notre métier, nous devons réfléchir à une meilleure communication avec nos clients. La complexité du droit rend notre travail parfois illisible. Une simplification de nos process et actes juridiques est en cours de réflexion. Cela nous permettrait notamment de remettre nos clients au cœur du métier et en situation de mieux appréhender le déroulé de leur dossier.
D’un point de vue professionnel, il me paraît important de renforcer la cohésion de notre Compagnie. Nous serons près de 2 000 notaires à la fin de l’année, soit deux fois plus qu’il y a 5 ans ! La Compagnie de Paris présente une grande variété d’entreprises notariales, certaines ne comportent qu’un seul notaire, d’autres plusieurs dizaines. Elles ont également une grande variété de clientèles.
Enfin, la crise liée au Covid-19 a accéléré les innovations entrevues depuis des années : télétravail notamment mais également, pour nos clients, la possibilité d’assister à des rendez-vous à distance et de signer leur acte à distance. Ces développements technologiques doivent donc nous inciter à repenser l’exercice de notre métier pour accompagner les mutations et les exigences nouvelles de la société.
LPA : Comment appréhendez-vous votre présidence dans le contexte actuel ? Craignez-vous que votre mandat soit impacté, tout du long, par la crise de la Covid ?
C.B. : Il est évident que la crise que nous traversons, depuis 6 mois désormais, continuera à avoir de forts impacts sur nos activités durant de nombreux mois encore. Néanmoins, il faut que nos offices, et l’économie dans son ensemble, continuent de fonctionner. Cela nous oblige, en tant qu’instance, à nous réinventer pour communiquer, former et travailler. Il y a certes beaucoup d’incertitudes mais également une volonté pour le nouveau Bureau de la Chambre d’appliquer son programme.
LPA : Dans quelle mesure les notaires de la Chambre de Paris sont-ils impactés, économiquement et socialement, par la crise ? Y a-t-il beaucoup de licenciements, d’offices qui ferment ?
C.B. : Par rapport à ce que nous supposions après le confinement de mars et d’avril dernier, la situation est moins catastrophique. Nous avons néanmoins des craintes concernant le dernier trimestre 2020 et le début de l’année 2021.
Le dernier trimestre devrait être en retrait par rapport à celui qui a suivi le confinement et le rebond d’activité constaté. Nous sommes rentrés aujourd’hui dans une période d’attentisme généralisé. Les acteurs de l’immobilier sont dorénavant méfiants et préfèrent attendre avant de prendre des décisions lourdes. Les vendeurs, dans le flou, ne veulent pas vendre leurs biens et les acheteurs repoussent aussi leurs achats du fait du manque de biens en vente ou de la situation économique générale. Les acteurs de l’immobilier de bureau se demandent quant à eux quel sera l’impact à long terme du télétravail et des nouveaux modes de travail. Ces tendances, si elles se confirment, pourraient nous conduire à moyen terme à un vrai changement de dynamique du marché de l’immobilier sur ce segment.
LPA : Les difficultés évoquées pourraient-elles faire baisser les prix de l’immobilier de Paris et de la proche banlieue ?
C.B. : Je ne crois pas. Pour le marché parisien, il y a encore, et pour longtemps il me semble, plus de demande que d’offre. Les prix ne devraient pas s’en trouver structurellement modifiés. Cependant, comme je vous le disais, le volume des ventes, lui, est à la baisse.
Nos données les plus récentes nous permettent toutefois de constater une hausse inédite des prix de l’immobilier – de 6 à 7 % – pour la grande couronne. Nous voyons là l’effet « confinement » et l’envie de plus d’espace et de verdure se confirmer.