Tribunal de Meaux : La présidente Catherine Mathieu promue à Créteil

Publié le 29/07/2024

À partir du 1er septembre, la présidente du tribunal judiciaire de Meaux (Seine-et-Marne) prendra ses fonctions au même poste à Créteil (Val-de-Marne), une juridiction deux fois supérieure en effectifs. Sa promotion couronne un travail ambitieux mené durant plus de trois ans. Catherine Mathieu est remplacée par Paul Huber, directeur des services judiciaires à la Chancellerie.

 Tribunal de Meaux : La présidente Catherine Mathieu promue à Créteil
Catherine Mathieu, présidente du tribunal judiciaire de Meaux à son bureau vendredi 19 juillet 2024 (Photo : ©I. Horlans)

De l’avis général, au tribunal comme au barreau, Catherine Mathieu aura été « une bonne présidente ». Comprendre par-là que la magistrate a géré avec intelligence les services du siège, composés pour partie de très jeunes juges, et qu’elle a entretenu des liens fluides avec le procureur, le directeur du greffe, les avocats. Ce parcours sans faute durant trois ans et huit mois s’explique par son expérience des relations interpersonnelles : de juin 2018 à janvier 2021, Catherine Mathieu a été en charge de la sous-direction des ressources humaines à l’administration centrale du ministère de la Justice. Auparavant, elle était vice-présidente du tribunal judiciaire (TJ) à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

À l’issue des Jeux olympiques qui la mobilisent avec le procureur (voir notre article du 22 juillet ici), elle prendra donc la tête du TJ de Créteil. Il compte 96 juges et 372 fonctionnaires, tribunaux de proximité inclus, contre 48 et 178 (effectifs théoriques dans les deux sites, réels à une dizaine près). Elle se dit « ravie » de voir Paul Huber lui succéder (notre encadré ci-dessous).

« Une 49e juge très expérimentée arrive en septembre »

 La présidente Mathieu s’en va avec le sentiment du devoir accompli : « J’ai eu l’occasion de mettre en place un contrat d’objectifs, soutenu par la cour d’appel, notamment au service correctionnel que nous pouvons désormais estimer performant : nous jugeons en quelques mois des affaires sorties de l’instruction. Nous connaissions ici les difficultés que rencontrent d’autres juridictions franciliennes, des stocks attendaient dans les placards, ce qui n’est plus le cas. C’est extrêmement satisfaisant. Nous jugeons maintenant au fil de l’eau, ce qui donne tout son sens à la justice pénale. Les avocats le reconnaissent aussi. » Le prévenu comparaît dans des délais raisonnables, comprend mieux la peine infligée ; les victimes sont soulagées d’être plus rapidement entendues.

Catherine Mathieu a également remporté le combat qu’elle menait depuis son installation dans le plus important TJ du département : « Une 49e juge très expérimentée arrive en septembre. » Mélanie Leduc, premier substitut à l’agence du travail d’intérêt général au sein de l’administration centrale, est nommée première vice-présidente chargée de l’application des peines : « C’est très bonne nouvelle car elle a déjà exercé les fonctions de JAP et de coordinatrice à Bobigny. Elle va renforcer la structure hiérarchique. »

Mme Leduc occupera le sixième poste de JAP, et administrera « un service engagé pour l’insertion des personnes depuis l’ouverture, l’an dernier, du quartier de préparation à la sortie du centre pénitentiaire de Meaux ». Une activité supplémentaire avec 120 places de détenus et 60 sous le régime de la semi-liberté. Elle a aussi soutenu le service des affaires familiales « qui effectue un travail essentiel pour nos concitoyens. S’il reste en tension, les choses devraient évoluer entre septembre et décembre. »

La prise en charge des mineurs victimes de la prostitution

 Autre motif de fierté, la création du service de prise en charge des mineurs victimes de la prostitution, « principalement des jeunes filles qui subissent des traumatismes majeurs. Elles mettent des années à se reconstruire. Ce projet me tenait particulièrement à cœur ». Elle l’a élaboré avec l’ancienne procureure, Laureline Peyrefitte [directrice des affaires criminelles et des grâces]. Il fonctionne depuis un an et demi et les bilans dressés montrent la pertinence de notre action – malheureusement ! »

Géré par l’Amicale du Nid, association intégrée au dispositif de protection de l’enfance, « le service peut être mandaté par le procureur pour faire des évaluations, par les juges des enfants dans le cadre de mesures en milieu ouvert ou de placements », confie Catherine Mathieu. « Confrontées à des situations complexes, les éducatrices sont très spécialisées et travaillent en étroite collaboration avec les magistrats, les policiers, les gendarmes. Elles interviennent lors d’auditions, facilitant l’accès à la parole de mineurs à la fragilité intrinsèque. » Si le phénomène de la prostitution d’adolescentes a toujours existé, la juge relève une nouveauté : « La capacité de ces réseaux à fonctionner, à s’installer, grâce à internet et à la communication entre les jeunes ». D’où l’importance de l’engagement des institutions et de l’État : « La démarche que nous avons initiée a été immédiatement entendue par le préfet et le président du Département. Ils nous ont fait confiance et nous avons tout mis en place en un temps record. Savoir que l’association existe, que son maintien est assuré, est une grande satisfaction. »

« Je me suis attachée à accompagner les jeunes magistrats »

 Madame Mathieu a eu « beaucoup de plaisir à présider cette juridiction pleine de richesses, tant du côté des magistrats que du greffe. Les jeunes y sont nombreux, engagés, talentueux, désireux d’apprendre. Ils ont accès à un contentieux varié, civil et pénal, dans un tribunal à taille humaine ». Elle s’est « réjouie de les accompagner. Une prise de poste est un moment sensible, les fonctions toujours difficiles, ils sont soumis à la tension, à une charge lourde… »

Au-delà, l’ex-chargée des ressources humaines à la Chancellerie a « voulu les aider dans leur choix de carrière, leur fournir des informations » pour qu’ils orientent leur parcours. « Et j’ai eu la possibilité de faire évoluer en responsabilité très tôt des jeunes juges, ce qui n’est pas forcément possible dans de grosses juridictions. »

En parallèle de ses activités, avec son collègue Peimane Ghaleh-Marzban, président du TJ de Bobigny, Catherine Mathieu a écrit la seconde version du livre « Parlons justice », édité par La Documentation Française. Ils ont répondu aux 30 principales questions que se posent les justiciables (notre article du 15 juillet ici).

 

Paul Huber, un magistrat à la carrière variée

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Paul Huber (Photo : ©D.MARCHAL/DICOM/MJ)

 Diplômé de l’université paris 2 Panthéon-Assas et de l’École nationale de la magistrature, Paul Huber débute sa carrière en 2005 à la cour d’appel de Paris, placé près du premier président. Il est ensuite juge d’instruction durant cinq ans. De 2012 à 2015, il occupe l’un des postes de conseillers au cabinet de la garde des Sceaux Christiane Taubira, notamment en charge des réformes statutaires. Sous-directeur des greffes à la Chancellerie entre 2015 et 2019, il est nommé président du tribunal de Montargis (Loiret) puis directeur des services judiciaires en septembre 2020 à l’âge de 42 ans – une exception notable.

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