« Nous avons dû être sur le pont en permanence »
En amont du 76e Congrès de l’ordre des experts-comptables, le président du conseil supérieur, Charles-René Tandé, avait convié la presse à une visioconférence. Il a fait un bilan de l’année écoulée, qui sera la dernière de sa mandature, et présenté les chantiers auxquels la profession va devoir s’atteler.
Covid-19 oblige, la conférence de presse organisée par le président du Conseil supérieur des experts-comptables en amont du 76e Congrès des experts-comptables, s’est tenue en visioconférence. Chacun derrière leur écran, les journalistes présents en ligne ont pu l’entendre – malgré quelques grésillements – plaider pour une modernisation de la profession.
Ses premiers mots ont été une forme d’hommage à ses confrères, dont il a tenu à rappeler la grande mobilisation pendant les mois de confinement. « On a beaucoup parlé des professions de santé, à juste titre, car elles étaient en première ligne. Les experts-comptables ont eux aussi été présents, il y a eu une continuité de service nécessaire pour assurer les bulletins de paie de plus de 8 millions de salariés, mais aussi pour mettre en place les aides du fonds de solidarité et les prêts garantis par l’État. Nous avons eu les félicitations du ministre à l’Assemblée nationale », a-t-il rappelé. « En tant que président de l’ordre, j’estime qu’on peut en effet féliciter la profession ».
L’opportunité de la virtualisation des échanges
Le président a ensuite donné quelques précisions sur le Congrès, qui devait normalement se tenir à Bordeaux, et aura finalement lieu en ligne, à partir du 30 septembre prochain. « Au mois de mai, nous avons dû prendre la décision de l’annuler. On avait considéré prudent de le reporter à l’année prochaine. La suite nous a donné raison : nous n’aurions pas pu organiser un tel rassemblement à Bordeaux, où la jauge est fixée à 1 000 personnes, alors que nous sommes plus de 6 000 à nous rassembler ». Le thème restera le même : celui du management, du marketing, de la marque.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Charles-René Tandé s’est employé à lister les avantages de cette virtualisation des échanges. Le numérique, assure-t-il, devrait « permettre de toucher plus de monde, et notamment les collaborateurs des cabinets. Tous les ans, on invite un certain nombre d’enseignants. On va pouvoir grâce à ce format s’ouvrir à beaucoup plus d’enseignants. On va faire une opportunité de cette contrainte », a-t-il promis.
La forme du Congrès sera donc innovante. « On va être comme à la télé, avec différents canaux et chaînes. Il y aura un canal pour les événements en direct, un canal pour les thèmes liés au Congrès, un canal innovation, en 3D, qui sera l’occasion de montrer aux confrères ce que l’on peut faire en virtuel. En tant que conseil, cela fait partie de notre rôle que d’annoncer à nos clients les possibilités d’évolution de leur entreprise. Cette vitrine nous permet de leur montrer où nous en sommes ». Ces différentes émissions, a-t-il annoncé, seront en outre visibles en replay pour un coût très faible.
Le président a levé le voile sur le programme du Congrès. Celui-ci s’ouvrira sur un mode macroéconomique, avec une table ronde sur l’économie et le plan de relance présentée sous forme d’émission télévisée. La clôture, de forme plus institutionnelle, portera sur la profession. Ce Congrès verra intervenir tant des représentants de Bercy que du monde de l’entreprise.
Un bilan « plutôt optimiste »
« Ce sera pour moi l’occasion de dire au revoir », a rappelé René-Charles Tandé, alors que les élections du Conseil supérieur auront lieu en novembre prochain. Ce Congrès sera l’occasion de dresser le bilan de la mandature. Élu pour un mandat de deux ans, qui a finalement été prolongé à trois puis quatre ans, Charles-René Tandé s’est dit « satisfait du bilan de son équipe ». Arrivé à la tête du Conseil supérieur quelques mois seulement avant l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, ce mandat aura été riche de chantiers, avec, entre autres, la loi Pacte, la réforme des retraites, la mise en place du prélèvement à la source. « Nous avons dû être sur le pont en permanence », a-t-il résumé.
Charles-René Tandé a ensuite dit un mot de la loi Pacte, « favorable » aux experts-comptables. « On attend encore simplement un décret qui intègre la passerelle pour les commissaires aux comptes qui pourraient s’inscrire à l’Ordre des experts-comptables, ainsi qu’une reconnaissance des compétences spécialisées pour les personnes physiques. Tous les textes nous concernant seront alors sortis et applicables. Au sujet des compétences spécialisées, la plateforme a été mise en place cet été. Les confrères commencent à déposer les dossiers de reconnaissance de ces compétences ».
Pour conclure, Charles-René Tandé a fait un rapide état des lieux de la profession en cette rentrée de crise sanitaire. « Sur les activités traditionnelles de comptabilité et d’audit, nous n’avons pas ralenti et avons même été en surcharge de travail. L’activité de conseil s’est en revanche ralentie, provoquant une baisse de chiffre d’affaires ». Se disant « plutôt optimiste », il a néanmoins mis en garde ses confrères, estimant que les difficultés financières risquaient de se manifester en 2021 : « On a plus de travail dans la période de crise, et l’année d’après, si on n’a pas encore les créations d’entreprises, mais déjà les disparitions, on peut avoir une baisse d’activité ».
Des réformes paralysées par la crise du Covid-19
Il a enfin mentionné deux chantiers qu’il laisse à son successeur : la réforme du diplôme et celui de la donnée numérique. « Nous avions engagé des réflexions pour présenter un début de réforme pour mieux adapter le diplôme aux besoins du cabinet avant que le Covid-19 n’arrive et ne nous paralyse pendant 6 mois », a rappelé le président. « Ce sera à l’équipe d’après de reprendre ce chantier ». Concernant le second point, Charles-René Tandé a annoncé que le Congrès serait l’occasion de présenter ce que les experts-comptables peuvent faire sur le plan numérique. « Cela nous paraît essentiel et urgent que les experts-comptables disposent de données à fournir à leurs clients pour améliorer leurs performances. L’année dernière, nous avions présenté la plate-forme de facture électronique, en ligne depuis quelques mois. La donnée est la suite logique », a-t-il dit, tout en invitant à prendre le temps de penser cette réforme. « Une institution comme la nôtre ne peut pas se mettre hors la loi, nous devons avant de lancer quoi que ce soit, nous assurer d’être dans le cadre légal ».