« Portons les valeurs du sport le plus haut possible ! »

Publié le 21/08/2017

Le 13 septembre prochain à Lima, les villes-hôtes des Jeux olympiques et paralympiques d’été seront accordés pour 2024 et pour 2028. Paris et Los Angeles devraient se voir chacune attribuer l’accueil d’une édition des Jeux olympiques. Si on ignore encore si la capitale française accueillera les Jeux en 2024, le barreau de Paris est déjà en train de travailler pour associer les avocats à ce grand événement. Pour les Petites Affiches, le bâtonnier Frédéric Sicard revient sur les dispositions imaginées par les avocats pour faire de cet événement un grand moment, susceptible de booster la capitale.

LPA – Pourquoi les avocats du barreau de Paris souhaitent-ils soutenir les Jeux olympiques ?

Frédéric Sicard – Nous souhaitons soutenir les beaux projets de notre capitale et de notre région, particulièrement ceux qui soulignent l’identité qui est propre à notre capitale. Paris est la ville des Lumières, c’est dans son identité de penser que les valeurs de la société, et non les contingences, doivent conduire la société. Ces valeurs de Paris sont aussi les valeurs du sport. Le baron Pierre de Coubertin, fondateur du comité olympique, a porté haut ces valeurs. Ce qui compte, c’est participer autant que gagner, et courir sans tricher. C’est la joie de concourir. Nous avons décidé de soutenir la tenue des Jeux à Paris, de la même manière que nous entendons soutenir l’Exposition universelle de 2025, car ce sont des projets qui sont en adéquation avec les belles valeurs de notre ville. Ne nous contentons pas d’accueillir les Jeux, portons les valeurs du sport le plus haut possible !

LPA – Comment allez-vous soutenir les Jeux ?

F. S. – Pour soutenir nos valeurs, nous allons mettre en place un dispositif inédit. Nous allons mobiliser les avocats pour qu’ils se mettent au service des compétiteurs, des équipes qui les accompagnent, mais aussi des touristes venus à Paris pour l’événement. Personne ne sera laissé seul. Si un touriste se fait agresser, il pourra tout de suite voir un avocat qui sera là pour l’aider et le soutenir. Si un compétiteur a un souci d’organisation, nous serons là pour l’aider également. Nous allons doubler les effectifs de consultation juridique, et nous ne nous arrêterons pas là : nous allons solliciter nos confrères des barreaux étrangers pour qu’ils viennent en aide à leurs compatriotes.

LPA – Comment allez-vous associer les barreaux étrangers ?

F. S. – Le barreau de Paris a une tradition de politique internationale très ancienne, qui remonte à l’époque de la Grande guerre, quand les avocats parisiens intervenaient pour négocier la paix et les échanges de prisonniers. Nous avons depuis lors énormément de contacts dans le monde. Nous allons demander à nos amis avocats étrangers de venir en aide à leurs compatriotes, afin que les touristes venant de l’étrangers puissent avoir un avocat de leur pays pour leur servir de relais en cas de nécessité. Nous allons mobiliser nos nombreux contacts avec les barreaux étrangers pour être en mesure d’organiser cet accueil. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les visiteurs soient traités avec le plus d’humanité possible.

LPA – Combien d’avocats du barreau de Paris pourrez-vous mobiliser ?

F. S. – Les équipes d’intervenants sont faciles à mobiliser. Nous avons généralement deux cents avocats mobilisés sur les points d’accès au droit. Nous avons l’habitude de doubler les effectifs au moment des grands événements sportifs, nous le ferons donc une fois de plus à l’occasion des Jeux. La différence, c’est que cette fois-ci nous entendons le faire sur la durée, bien en amont des Jeux, et en associant les barreaux étrangers amis à notre dispositif. La vice-bâtonnière Dominique Attias, en charge de l’international, est déjà en relation avec 41 contacts dans le monde. Nous espérons qu’en retour, ces avocats que nous associons à notre dispositif d’accueil parleront à leurs gouvernements pour les inviter à soutenir notre candidature ! À Paris, on n’a peut-être pas autant d’argent qu’à Los Angeles, mais on essaye d’avoir des valeurs et des idées.

LPA – Comment allez-vous faire pour que les touristes aient connaissance de votre dispositif ?

F. S. – En plus de doubler les points d’accès au droit, nous pouvons faire stationner notre bus de la solidarité là où les organisateurs le souhaiteront. Nous pouvons également envisager d’être présents sur le village olympique. Nous avons au barreau de Paris de très bons spécialistes du droit du sport qui seront heureux de s’y déployer. Nous ferons certainement aussi des flyers pour informer de notre présence. Nous déploierons une stratégie de mobilisation et de communication le moment venu. Pour l’heure, il faut d’abord que l’attribution des Jeux à Paris en 2024 soit confirmée.

LPA – De quelle manière allez-vous aider les entreprises du Grand Paris ?

F. S. – En amont des Jeux, nous serons également là pour aider les entreprises d’Ile-de-France à se positionner sur les marchés ouverts par l’accueil des Jeux. La mairie de Paris a annoncé qu’elle veillerait à associer au mieux les entreprises du Grand Paris, en réservant des lots pour les artisans de la région dans les appels d’offres. Ces artisans n’ont pas forcément d’avocat. Nous ne ferons pas tout le dossier à leur place, mais nous leur donnerons des conseils pour bien répondre aux appels d’offres, en les aiguillant sur les problèmes posés par telle ou telle disposition. Nous avons déjà une convention de partenariat avec la Chambre des métiers et d’artisanat de Paris. Nous donnons des consultations juridiques toutes les semaines. Nous leur donnons une première consultation, et ensuite nous les orientons vers les avocats les mieux à même de les aider.

LPA – Quel est l’intérêt du Barreau de Paris à soutenir les Jeux ?

F. S. – Si l’on obtient les Jeux en 2024, cela sera l’occasion d’accélérer les travaux dans la capitale. Personne n’a envie de recevoir ses amis dans un chantier ! Nous pourrons faire revivre le Palais de justice de Paris, qui est le plus vieux palais dans lequel on rend encore la justice. C’est un lieu lié à notre histoire nationale : les rois se sont effacés pour laisser la justice y prendre pied. Jusqu’à maintenant, aucune décision n’a été prise quant à son usage à l’avenir. Accueillir un grand nombre de touristes devrait inciter le président de la République à trancher sur son sort, et mettre fin à cette situation d’incurie.

De manière générale, l’accueil d’événements a souvent été le moyen de relooker et rebooster le centre de Paris. La Tour Eiffel, le Grand Palais, l’aboutissement des travaux d’Haussmann sont le résultat de l’accueil de l’Exposition universelle de 1901. Tout le monde a donc à gagner à accueillir ces Jeux de la meilleure façon possible.

LPA – Comment votre engagement est-il perçu par les organisateurs des Jeux ?

F. S. – Il est accueilli de manière très positive. Mais cet engagement ne s’adresse pas seulement aux décideurs. C’est pour nous une manière de s’adresser aux citoyens et de leur dire : « On est emballés, soyez emballés vous aussi ! Relevez le gant et vous verrez, il y aura le sourire des Parisiens à l’arrivée ».

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