Métropole du Grand Paris : « Construisons ensemble le Grand Paris 2°C »
Le 9 avril dernier, la Métropole du Grand Paris a organisé une conférence aux Lilas (93) sur le thème : « Construisons ensemble le Grand Paris 2°C », dans le cadre de son plan Climat air énergie métropolitain. Le vice-président, Daniel Guiraud, délégué à la mise en œuvre de la stratégie environnementale et au développement des réseaux énergétiques, rend compte de la nécessité de créer une dynamique collective.
Avec l’adoption de son plan Climat air énergie, la Métropole du Grand Paris souhaite mobiliser l’ensemble des acteurs de la métropole autour de la trajectoire définie lors de la COP 21. Son objectif est de fixer une feuille de route de long terme, mais aussi d’indiquer les actions à mener immédiatement pour organiser la transition écologique et développer la résilience de la Métropole. Il s’agit d’une démarche inédite tant par l’ampleur des enjeux à adresser que par celle du territoire couvert. Pour leur conférence « Construisons ensemble le Grand Paris 2°C », 350 partenaires de la lutte contre le réchauffement climatique, la pollution de l’air ou de la transition écologique et énergétique se sont réunis toute la journée.
Cette ambition s’articule autour de cinq actions prioritaires qui sont d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, accroître la résilience de la métropole face aux effets du changement climatique, améliorer la qualité de l’air, réduire massivement les consommations énergétiques et développer la production locale des énergies renouvelables et de récupération. Depuis 2016, La Métropole a donc mis en place plusieurs instances d’échanges, de débat et de contribution visant à favoriser les mobilisations locales. Les établissements publics territoriaux ont été associés au comité de pilotage et au comité technique du plan Climat. Le Conseil de développement de la Métropole qui réunit des partenaires économiques, sociaux et culturels, a constitué un groupe de travail dédié au projet. Des séminaires et de nombreux événements ont été organisés sur tout le territoire. Enfin, de multiples contributions ont déjà été apportées par le département des Hauts-de-Seine, le département du Val-de-Marne, la ville de Paris, SEDIF, EDF, RTE, GRT Gaz, GRDF, FFB Grand Paris, EnerCit’IF en lien avec Énergie partagée, ainsi que par de nombreux citoyens sur la plate-forme numérique mise en ligne par la Métropole (près de 500 visiteurs). La finalité attendue est que ces concertations aboutissent, fin 2019, à un « accord du Grand Paris 2°C ». Daniel Guiraud, maire des Lilas, vice-président de la MGP, délégué à la mise en œuvre de la stratégie environnementale et au développement des réseaux énergétiques revient pour les Petites Affiches sur les objectifs de cette conférence et sur sa volonté de créer une dynamique collective.
Les Petites Affiches
Quel était l’objectif de cette conférence par rapport au plan climat air énergie métropolitain ?
Daniel Guiraud
Nous voulions d’abord faire le point afin de savoir où nous en étions. Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir s’étalonner sur plusieurs mois et de voir où en sont les résultats par rapport aux objectifs que nous nous fixons. Le plan climat air énergie, ce n’est pas seulement le plan de la Métropole du Grand Paris, nous voulons que chacun puisse amener sa petite brique de façon décentralisée, mais avec une exigence au regard des résultats. Dans le C40 (Cities Climate Leadership Group), il y a une conception de la métropole internationale partagée par tout le monde, c’est qu’elle doit être innovante, inclusive et résiliente. Dans la résilience, il y a le climat, l’énergie, l’environnement… Nous sommes en phase avec l’air du temps. Pour le calendrier, nous avons adopté le plan en décembre dernier et il sera validé définitivement en septembre parce qu’il doit être soumis à l’avis de la commission environnementale, de l’État et de la région. Je ne pense pas qu’il y aura de soucis majeurs, nous sommes conformes à ce qui est attendu. Nous tiendrons compte des avis et à la rentrée, le plan sera définitivement adopté.
LPA
Pourquoi parlez-vous d’une constante évolution du plan CAE ?
D.G.
En tant que Métropole du Grand Paris, nous considérons qu’il ne peut être gravé dans le marbre. C’est un document qui appelle nécessairement à des évolutions. La loi nous a confié ce travail, mais nous avions un laps de temps très court pour faire de réelles concertations. Nous avons donc préféré mettre en place un référentiel qui serait en constante évolution. Si nous sommes faibles sur un secteur, il faudra renforcer le plan et les actions sur celui-ci. À l’inverse, si cela se passe bien, il y aura peut-être des actions à redéployer. Par exemple, en ce moment, nous incitons les propriétaires de vieux véhicules polluants à en changer afin de renouveler le parc avec des véhicules à plus faibles émissions. Le jour où il n’y aura plus de vieux véhicules à fuel, nous n’aurons plus besoin de porter l’accent dessus. Personnellement, je crois beaucoup à la vertu de l’évolution et de la réécriture en permanence de certains chapitres.
LPA
Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer ?
D.G.
Déjà, si nous voulons respecter la trajectoire de la Cop21, il va falloir agir très vite, car pour l’instant, ce n’est pas satisfaisant… Pour moi, le principal problème, c’est le scepticisme ambiant. Je crains beaucoup le fatalisme. Quand les gens regardent à la télévision les effets du changement climatique, ils pensent que c’est une réalité intangible et qu’on ne peut pas faire grand-chose, ce qui n’incite guère à faire des efforts. C’est pour cela qu’il faut communiquer sur les résultats. À chaque fois que nous prenons des mesures un peu contraignantes, on obtient des résultats. Il faut casser le « à quoi bon ? » et montrer qu’on peut, tous ensemble, y parvenir. Nous devons aussi faire face à certains paradoxes. Par exemple, sur la question de la mobilité durable, le Grand Paris Express signifie davantage d’habitants et davantage de consommation d’énergie. Il faut produire des énergies alternatives et arriver à travailler là-dessus.
LPA
La MGP a-t-elle un rôle de sensibilisation de la population ?
D.G.
Il va falloir que l’on consacre encore beaucoup de temps pour communiquer nos idées à la population. Les habitants connaissent les maires, mais les institutions comme la MGP rencontrent des difficultés pour communiquer et être reconnues. Avec les 131 communes qui composent la métropole, les maires sont de véritable poids de communication pour faire avancer les choses et inciter à agir. Quand nous avons des subventions, il faut prendre le canal des communications municipales. Cela nous permettra d’agir avec tout le monde et de donner envie de travailler ensemble.
LPA
À travers le « Construisons ensemble », d’où vient cette volonté de créer une dynamique collective ?
D.G.
Selon moi, c’est l’affaire de tous. Il y a les États, les multinationales qui interviennent, mais cela descend jusqu’au citoyen avec de petits écogestes. Je pense que les jeunes générations sont beaucoup plus sensibles que les anciennes générations. À la Station F, il y a des start-ups sur l’environnement qui proposent des solutions innovantes et la Métropole peut être un accélérateur pour cela aussi. La dynamique collective est déjà amorcée. Le plan CAE n’a pas été adopté à la majorité, mais à l’unanimité par le Conseil métropolitain. Les électeurs se soucient des questions environnementales donc les élus sentent qu’il faut qu’ils s’impliquent davantage. C’est un signe que quelque chose a bougé dans les esprits.