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Pour Daniel Weizmann reconduit à la tête du MEDEF IDF « Entreprises et salariés ont appris à faire avec les restrictions »

Publié le 08/02/2022
Solidarité, entreprises, travail d'équipe
Vectormine/AdobeStock

Réélu, à l’unanimité, à la présidence du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) Île-de-France, Daniel Weizmann entame son deuxième mandat de 3 ans, dans un contexte particulier. Depuis désormais presque 2 ans, les entreprises franciliennes sont affectées par la crise sanitaire. Le PDG France de l’entreprise VWR (part of Advantor) temporise cependant : « Les entreprises et les salariés ont appris à faire avec ces restrictions ».

Actu-Juridique : Comment abordez-vous cette nouvelle année ? Êtes-vous plutôt confiant ou davantage inquiet au regard, notamment, de l’actualité épidémique ?

Daniel Weizmann : J’ai le sentiment que 2022 ressemblera fortement à 2021. Autrement dit, comme l’an passé, de très nombreux secteurs de l’économie devraient enregistrer une croissance élevée. D’autres, en revanche – je pense notamment aux secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, de la culture, des loisirs ou encore de la restauration – vont à nouveau être impactés négativement par la crise sanitaire. Mais globalement, bien que l’on ait tendance à se concentrer sur ce qui ne va pas, notamment dans les médias, je pense que cette année sera positive pour l’économie française et francilienne. Aujourd’hui, les secteurs en difficulté, selon leur poids dans le PIB national, ne sont pas majoritaires et ne devraient pas l’être demain, à l’aune de ce que l’on sait du nouveau variant et des perspectives économiques calculées par les instituts. Ainsi, la dynamique entamée l’an dernier devrait se confirmer.

Cette année devrait également être marquée par une probable forme d’attentisme des acteurs et consommateurs en lien avec l’élection présidentielle. C’est un constat que nous faisons tous les 5 ans et qui devrait se répéter. Cela peut influer négativement sur la croissance de ce début d’année.

AJ : Le retour du télétravail, des jauges pour certains événements ou l’entrée en vigueur du passe vaccinal ne risquent-ils pas, également, de freiner la croissance ?

D.W. : Les entreprises et les salariés ont appris à faire avec ces restrictions. Pour les entrepreneurs, par exemple, la difficulté s’est surtout fait ressentir lors des premiers confinements, en 2020. Si je me base sur mon expérience, en tant que chef d’entreprise responsable de 250 salariés, nous ne faisions jamais de télétravail avant le mois de mars 2020 et nous avons donc dû nous adapter très rapidement, parfois difficilement, pour poursuivre notre activité. L’année 2021, quant à elle, n’a été qu’un retour à des habitudes que nous connaissions déjà, il en est de même pour cette année. Désormais, nous savons faire avec ces mesures qui n’auront que peu d’impact sur les activités concernées. De la même manière, le passe sanitaire, depuis son entrée en vigueur l’été dernier, n’a que peu influencé l’activité des secteurs qui y étaient soumis, je ne vois donc pas pourquoi le passe vaccinal changerait la donne. Aussi, rappelons que seulement 30 % des postes en France sont « télétravaillables ». Il faut donc relativiser, il me semble, les conséquences de ces restrictions, même si, bien sûr, tout le monde souhaite les voir s’arrêter le plus vite possible.

AJ : Au-delà de parer aux effets de la crise sanitaire, quelles sont vos ambitions pour votre deuxième mandat de 3 ans à la présidence du MEDEF Île-de-France ?

D.W. : Elles sont nombreuses, évidemment. La première, historique, est de poursuivre notre mission de défense des intérêts des entrepreneurs et d’aide au développement des entreprises. Il s’agit de notre raison d’être, si je puis dire, et cela le restera.

Aussi, permettez-moi de souligner le rôle que nous avons joué, durant ces 2 dernières années. Malgré des circonstances difficiles liées à l’épidémie de Covid-19, nous avons su, au sein du MEDEF, prouver toute notre utilité pour les entreprises. Plus que jamais, nous avons été proches et au service des entreprises du territoire. Nous avons assumé un rôle d’intermédiaire essentiel entre les institutions (État, région, préfecture) et les agents économiques du pays. Au plus fort de la crise, les chefs d’entreprise et les dirigeants étaient évidemment perdus, et il a fallu les guider, les orienter vers les bons interlocuteurs pour qu’ils puissent faire face à leurs difficultés, et, notamment, pour qu’ils puissent accéder aux aides auxquelles ils étaient éligibles : prêts garantis par l’État, fonds de solidarité, chômage partiel, etc. Les dernières enquêtes menées auprès de nos adhérents montrent d’ailleurs que le taux de satisfaction vis-à-vis de nos services est en forte augmentation. Nous allons donc logiquement poursuivre dans cette voie, ainsi que notre mission de mandat auprès des différents organismes (URSSAF, CPAM, Pôle emploi, etc.).

Le MEDEF Île-de-France, c’est également sept entités territoriales et quarante fédérations adhérentes, soit un maillage essentiel et bénéfique pour tous les acteurs économiques franciliens. La proximité que nous développons depuis tant d’années nous a permis, notamment durant la crise, d’être extrêmement réactifs et de mieux cibler les besoins du terrain ainsi que de faire remonter, au niveau national, des enjeux ou des préoccupations locales. Les adhérents du MEDEF attendent de nous que nous défendions leurs intérêts, et notamment leur compétitivité, lors des négociations avec les pouvoirs publics ou les autres partenaires sociaux. Enfin, l’une des prérogatives du MEDEF, en lien avec les chambres de commerce et d’industrie du territoire (CCI), est de développer le goût de l’entrepreneuriat et de créer des vocations auprès des plus jeunes. Nous aspirons à mieux communiquer à ce propos, via des événements, rencontres et salons, afin de nous faire connaître et de faire connaître les richesses de l’entrepreneuriat.

AJ : Le développement durable ainsi que le digital sont des thématiques qui vous tiennent à cœur. Quelles sont vos idées à ce propos ?

D.W. : Au-delà des missions presque « classiques » de notre organisation, nous souhaitons, en effet, développer d’autres réflexions, notamment sur le développement durable. Les représentations territoriales du MEDEF doivent mieux assister leurs adhérents sur ce sujet. Le plan France Relance, de septembre 2020, prévoit notamment une enveloppe de 30 milliards d’euros fléchés vers des mesures en faveur de l’environnement et de la transition écologique. Il est de notre ressort de le faire savoir aux entreprises et de les aider pour qu’elles puissent, une nouvelle fois, en bénéficier. Nous devons faire preuve de pédagogie. Cela est nécessaire pour l’économie française et pour le développement des entreprises elles-mêmes. Des sommes assez conséquentes sont notamment prévues pour la rénovation énergétique des bâtiments publics ainsi que des locaux des entreprises des TPE et des PME.

Enfin, la question du digital est également une problématique centrale. Ces 2 dernières années, l’ensemble du tissu économique a subi le développement des outils digitaux. Il faut donc que nous reprenions la main sur cette question, que nous formions mieux les dirigeants et les salariés, notamment des plus petites entreprises. Tout cela en lien, bien sûr, avec nos partenaires tels que la région Île-de-France ou les CCI franciliennes. J’en profite, par ailleurs, pour saluer l’élection de Dominique Restino à la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Paris Île-de-France. C’est un entrepreneur avec lequel je m’entends très bien ; nous allons pouvoir collaborer pour le bien des entreprises durant nos mandats respectifs.

AJ : Coupe du monde de rugby en 2023, Jeux olympiques et paralympiques en 2024, mise en route progressive du réseau du Grand Paris Express ; les perspectives économiques liées à ces différents événements doivent vous réjouir. Comment comptez-vous faire pour que les acteurs du territoire en bénéficient un maximum ?

D.W. : Lorsque nous discutons avec les professionnels des différentes fédérations, du bâtiment, du commerce ou encore du tourisme, ils nous disent souvent la même chose : si l’année 2022 constitue, pour eux, une année de transition vers un retour à la normale avec tout de même peu de visibilité du fait de la crise sanitaire, les années 2023 et 2024 constituent, en revanche, des perspectives bien plus rassurantes et positives. De nombreuses activités vont être boostées par les événements dont vous parliez. Les professionnels du tourisme, pour ne citer qu’eux, attendent avec une grande impatience ces rendez-vous qu’ils ne voudraient manquer pour rien au monde. En effet, ces événements représentent un espoir de combler, en partie, les manques accumulés depuis des années et du fait des différentes crises ; la crise sanitaire et le mouvement des Gilets jaunes.

AJ : 2022 est également l’année des élections présidentielles. Comment observez-vous les premiers débats économiques dans cette campagne ? Les idées, les propositions sont assez peu nombreuses pour l’instant.

D.W. : Le MEDEF travaille actuellement à la rédaction d’un livre blanc qui contiendra des propositions que nous souhaitons développer et voir peser auprès des différents candidats à la présidentielle. Autant dire que nous n’attendons pas les positions de chacun pour avancer et faire entendre nos idées.

Il est évident que, jusqu’à présent, l’économie n’a pas été une thématique prioritaire dans cette campagne. Beaucoup de programmes sont encore en cours de finalisation. Les choses devraient changer, en tout cas, nous l’espérons. Évidemment, vous le comprendrez aisément, il n’est pas de mon ressort, ni de celui du MEDEF, de faire des remarques portant sur un ou une candidate à l’élection présidentielle.