Michel Picon : « Le sort des TPE-PME est entre les mains des plus grandes entreprises. C’est une injustice à laquelle nous voulons mettre fin »

Publié le 18/03/2024

Jusqu’à présent à la tête de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), Michel Picon vient d’être désigné président de l’Union des entreprises de proximité (U2P). Au cours de ces quatre prochaines années, cet agent général d’assurance de profession, souhaite notamment engager une réforme de la représentativité patronale. « Avec le système actuel de mesure du poids des différentes organisations patronales, le sort des TPE – PME est entre les mains des plus grandes entreprises. C’est une injustice à laquelle nous voulons mettre fin », explique le nouveau président de l’U2P.

Actu-Juridique : Quel sentiment vous anime après votre nomination à la tête de l’U2P ?

Michel Picon : Je suis à la fois honoré et fier de prendre la présidence de cette belle organisation qu’est l’U2P, mais j’ai aussi conscience de la lourde responsabilité qui m’incombe, avec les vice-présidents Joël Mauvigney, Laurent Munerot, Jean-Christophe Repon et Christophe Sans, de rendre plus visibles et plus entendues les 3,5 millions d’entreprises de proximité que représente l’U2P.

AJ : En quoi votre expérience à la tête de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) vous sera-t-elle utile ?

Michel Picon : L’UNAPL rassemble 69 organisations nationales, l’U2P en fédère 120. Il s’agit donc d’une dimension plus importante. Mais, de même que j’ai veillé à rassembler les trois grandes familles de l’UNAPL, la santé, le droit et les métiers techniques et du cadre de vie, de même il me faudra mobiliser les représentants de quatre grands secteurs (bâtiment, alimentation, fabrication et services, professions libérales) représentés par l’U2P. Nous partageons beaucoup de points communs, à commencer par la taille de nos entreprises, et des valeurs telles que l’indépendance, la maîtrise des savoir-faire, la vocation professionnelle et la proximité. Mon rôle sera de rassembler et de porter la parole de ce vaste tissu économique à la fois auprès des pouvoirs publics locaux, nationaux et européens et auprès des médias.

AJ : Quels seront les projets phares de votre mandature ?

Michel Picon : Je mènerai les combats que nous aurons collectivement définis. Mais d’ores et déjà, il nous appartient de réformer ce que l’on appelle la représentativité patronale. En effet, avec le système actuel de mesure du poids des différentes organisations patronales, le sort des TPE-PME est entre les mains des plus grandes entreprises. C’est une injustice à laquelle nous voulons mettre fin et nous allons très prochainement faire des propositions au Premier ministre de façon à rétablir l’équilibre entre petites et grandes entreprises. Nous proposons notamment de créer un droit d’opposition symétrique permettant à une ou plusieurs organisations d’employeurs qui représentent plus de 50 % des entreprises adhérentes employeuses de s’opposer à un accord.

AJ : Quels sont les premiers dossiers dont vous allez devoir vous occuper ?

Michel Picon : Nous avons déjà émis de très nombreuses propositions de simplification, issues de nos organisations membres et affiliées, que nous avons transmises à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Mais nous n’en resterons pas là ! Nous allons aussi consulter les chefs d’entreprise de proximité afin de recueillir des idées de simplification qui correspondent très directement à leurs attentes. Qu’est-ce qui aujourd’hui serait de nature à simplifier la vie du travailleur indépendant ou du dirigeant de TPE ? Nous essaierons de répondre à cette question et a contrario de rejeter les fausses bonnes idées de simplification telle que le Guichet unique des entreprises qui devaient rendre plus faciles les déclarations liées à l’activité de l’entreprise et qui se traduit in fine par une plus grande complexité. En parallèle, l’U2P apporte sa contribution à la négociation paritaire comme actuellement sur l’emploi des seniors, les transitions et l’usure professionnelles et le compte épargne temps universel.

AJ : Comment définiriez-vous l’économie de proximité ? Et que représente cet ensemble d’entreprises en chiffres ?

Michel Picon : L’économie de proximité c’est trois millions et demi d’entreprises dans les secteurs de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales, soit deux entreprises sur trois en France. Elles emploient plus de quatre millions de salariés et apprentis. Des emplois non délocalisables, ancrés dans tous les territoires, des plus urbains aux plus ruraux.

AJ : Alors que l’inflation semble enfin reculer, la croissance ralentit. Êtes-vous davantage inquiet ou optimiste pour les entreprises que vous représentez ?

Michel Picon : Nos catégories d’entreprise se caractérisent par une forte résilience. Elles s’adaptent continuellement aux nouvelles attentes des Français, elles ont résisté à la pandémie, la majorité a fait face à la flambée des prix de l’énergie et des matières premières. Nous sommes à la croisée des chemins en ce moment avec le cumul de ces difficultés antérieures et les remboursements de charges et de prêts garantis par l’État (PGE). Il y a donc une forte progression des entreprises qui cessent leur activité. Mais en parallèle le mouvement de création d’entreprise reste massif.

Plan
X