Seine-Saint-Denis (93)

« Nous accompagnons tous les chefs d’entreprise qui veulent s’implanter sur le territoire de Plaine Commune »

Publié le 27/03/2020

Tous les acteurs économiques le disent : la Seine-Saint-Denis est un département très dynamique, qui compte un grand nombre de créateurs d’entreprises. Sur le territoire très attractif de Plaine commune, dans le nord du département, la maison de l’initiative économique locale accompagne ces aspirants à l’entrepreneuriat. Sa directrice Sylvie Saget a accepté de présenter cette structure aux Petites Affiches.

Les Petites Affiches : Qu’est-ce que la MIEL ?

Sylvie Saget : La Maison de l’initiative économique locale est une association qui a été créée en 1998, année de l’inauguration du Stade de France et de la construction de la Plaine Saint-Denis, par des élus des villes de Saint-Denis, Aubervilliers, La Courneuve et Stains. Ces élus ont pensé que ces aménagements allaient booster le développement économique de la zone, car de nombreuses entreprises allaient s’y implanter. Ils ont voulu que ses habitants en bénéficient. La Miel a été pensée comme un outil de développement économique endogène, par et pour les habitants. Notre projet est d’aider à la création et au développement des entreprises. Nous accueillons les porteurs de projets du territoire, qui a été étendu et compte aujourd’hui les 9 villes qui constituent l’établissement public territorial de Plaine Commune : Aubervilliers, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, L’Ile-saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse.

LPA : Comment fonctionne cette maison ?

S. S. : Nous avons deux activités. À Saint-Denis, une équipe accueille et accompagne les créateurs d’entreprise. Tous les habitants de Plaine Commune qui veulent créer leur entreprise peuvent venir nous voir. Nous leur proposons un accompagnement, nous les aidons à aller chercher des financements si ils en ont besoin. Nous accompagnons également le lancement et le développement de l’entreprise. Une autre équipe travaille à La Courneuve où est implantée la pépinière de la MIEL.

LPA : En quoi consiste l’accompagnement que vous proposez à tous les créateurs ?

S. S. : Cet accompagnement repose sur des rendez-vous mensuels avec des conseillers, qui vont les aider à monter un Business Plan, chercher des financements. À cela s’ajoutent des formations, pour qu’ils acquièrent des compétences. Nous sommes également entourés d’une dizaine d’experts : des avocats, des experts-comptables, des assureurs, des banquiers. Ils viennent donner un premier niveau d’information. Nous accompagnons les entrepreneurs déjà lancés dans leur projet de développement. Nous leur proposons des conférences deux fois par mois en soirée, mais aussi du « mentorat entrepreneurial ». L’idée est d’accompagner le jeune créateur d’entreprise par un de ses pairs qui a plus de 10 ans d’expérience. Ce dernier va lui donner des conseils concernant le savoir être. Nous sommes des techniciens : nous sommes performants sur la partie conseil et savoir-faire. En revanche, nous estimons que les chefs d’entreprise expérimentés sont mieux placés que nous pour former à la posture de chef d’entreprise. Comment concilier vie privée et professionnelle ? Comment se projeter dans sa stratégie de développement ? Comment se comporter lorsque l’on devient employeur, que l’on manage une équipe ? Toutes ces questions concernant l’attitude se posent dans le cadre de ce mentorat.

LPA : Vous voulez aussi valoriser l’entrepreneuriat…

S. S. : On essaie de valoriser les entrepreneurs par des concours ou des événements. Tous les ans, en décembre, on organise les « Rencontres de Plaine Commune promotion et de la Miel » pour favoriser les échanges commerciaux entre les entreprises du territoire. Il y a, à Plaine Commune, de très grosses entreprises. On invite leurs acheteurs à venir faire du sourcing.

LPA : Comment fonctionne la pépinière de la Miel ?

S. S. : La pépinière accueille 25 entreprises. Les chefs d’entreprise peuvent venir d’une zone hors du territoire, mais doivent avoir le souhait de s’installer sur Plaine Commune. Elles vont être accompagnées pendant 4 ans au maximum. Ils vont avoir leur local dans la pépinière et vont pouvoir progresser en son sein. Au fur et à mesure qu’ils recrutent et grossissent, ils vont pouvoir changer de bureaux. Ces entreprises sont sélectionnées par un jury, selon leur potentiel, notamment en termes de création d’emplois. C’est une pépinière qui se veut généraliste : on a des entreprises de services, de communication, de commerce, d’artisanat. Au rez-de-chaussée, des locaux plus grands peuvent accueillir les prototypes de designer, servir de stockage pour une activité d’e-commerce, ou, comme aujourd’hui, une activité de production de compléments alimentaires à base d’algues. C’est un choix de la pépinière d’accueillir des activités variées.

LPA : Quels sont les conseils que vous donnez aux entrepreneurs ?

S. S. : On ne redira jamais assez qu’il faut se faire accompagner. Les entrepreneurs doivent avoir réfléchi à leur modèle économique en amont de la création, avoir une vision de ce à quoi ils veulent aboutir. On a de plus en plus de gens qui viennent nous voir qui sont déjà immatriculés. Dans ce cas, il faut tout reprendre depuis le début. Nous essayons, à la Miel, de faire en sorte que les entrepreneurs soient en contact avec leur cible le plus tôt possible. Qu’ils ne restent pas dans l’intellect, mais aient rapidement en tête leur cible, leur marché. Au niveau financier, on les encourage à aller chercher des financements plutôt que de se débrouiller par eux-mêmes en mettant tout leur argent personnel dans leur entreprise. On les incite enfin à développer leur réseau. On organise un maximum d’événements pour cela.

LPA : Une de vos priorités est de sortir les chefs d’entreprise de l’isolement.

S. S. : L’entrepreneur a tendance à être isolé, il faut casser cela le plus possible. On les fait travailler sur leur pitch, on leur apprend à identifier les relais, les partenaires qu’ils peuvent trouver. On met en place, en plus des conférences portant sur les différents aspects de la vie de l’entreprise, des soirées de networking. Nous observons que, lorsqu’ils rencontrent d’autres entrepreneurs, ils amorcent une dynamique constructive. Nous organisons aussi des soirées spécifiquement dédiées aux femmes entrepreneures. J’invite celles qui ont un peu d’expérience à venir parler des ce qu’elles ont traversés, à donner le détail de ce qui les a portés et de ce qui les a freinées. Les femmes ont cette particularité d’oser moins que les hommes. Il faut d’autant plus les accompagner et les soutenir. Cela évolue néanmoins. Nous avons la satisfaction de voir la part des femmes dans la création d’entreprise augmenter.

« Nous accompagnons tous les chefs d’entreprise qui veulent s’implanter sur le territoire de Plaine Commune »
Graphithèque / AdobeStock

LPA : Quelle est la spécificité de la création d’entreprise sur le 93 ?

S. S. : La Seine-Saint-Denis est un territoire d’un très grand dynamisme. C’est, en France, le département comptant le plus fort taux de création d’entreprises. Seulement, ce dynamisme est la conséquence d’un très fort taux de chômage. La création d’entreprise sert de palliatif à des personnes qui n’ont pas d’accès à l’emploi. Plus de 70 % des personnes que la Miel accompagne sont demandeurs d’emplois ou allocataires de minima sociaux. C’est une bonne chose que les gens essayent de créer leur activité, mais ce n’est pas une solution miracle pour tout le monde. Il faut avoir une fibre entrepreneuriale pour que cela fonctionne.

LPA : Vous positionnez-vous sur les Jeux olympiques ?

S. S. : Nous accueillerons le 24 mars prochain Tony Estanguet, le président de Paris 2024 à la pépinière de la Miel. Nous pensons qu’il y a un potentiel avec les Jeux olympiques et que les entreprises de Plaine Commune peuvent y accéder. Cela dit, nous ne représentons que de très petites entreprises et ne pouvons bénéficier que de retombées indirectes. Nous essayons de mobiliser les entreprises pour qu’elles s’informent, se forment, se mettent ensemble, répondent au marché.

LPA : Quels sont les résultats de la MIEL ?

S. S. : Nous recevons 700 personnes par an. Vingt pour cent d’entre eux vont créer leur entreprise. En Seine-Saint-Denis, le taux de survie des entreprises à 3 ans est de 50 %. C’est moins que la moyenne nationale, qui est de 66 %. Les entreprises accompagnées par la Miel ont, elles, un taux de survie à 3 ans de 78 %. La Miel ne les accompagne pas simplement au démarrage mais aussi longtemps qu’elles en ont besoin. Quant à celles qui sont passées par la pépinière, il est de presque 100 %.

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