Essonne (91)

Juliette Doré : « Nous nous attendons à une progression de l’activité du CIP 91 à compter de septembre 2022 »

Publié le 25/07/2022

Depuis la crise sanitaire, les centres d’information sur la prévention des difficultés des entreprises (CIP) sont mobilisés auprès des entreprises en difficulté. Cette plateforme d’accueil et d’écoute oriente les dirigeants vers les solutions disponibles. Des accompagnements assurés par des experts-comptables, avocats ou anciens juges du tribunal de commerce. Dans le département de l’Essonne (91), Juliette Doré assure la présidence du CIP 91. Expert-comptable associée du cabinet Jegard Creatis de Longjumeau, elle est aussi présidente de l’Association des experts-comptables et des commissaires aux comptes de l’Essonne (AECC91), qui rassemble près de 100 cabinets et 1 500 collaborateurs. Avec elle, nous revenons sur les incertitudes économiques actuelles et leurs impacts sur les entreprises.

Actu-Juridique : Comment évolue l’activité du CIP 91 depuis le début de l’année 2022 ?

Juliette Doré : À ce jour, nous constatons une activité du CIP 91 plutôt stable. Nous consacrons actuellement deux après-midi par mois pour rencontrer les chefs d’entreprise en difficulté. Les difficultés des entreprises n’en sont pas moins réelles. Beaucoup de petites entreprises se présentent directement au tribunal de commerce sans chercher de solution en amont. Stéphanie Tondini, avocate en droit des affaires et vice-présidente du CIP 91 n’a pas remarqué d’augmentation des ouvertures de procédures collectives. En revanche, elle s’attend à en avoir beaucoup plus dès la rentrée. Nous nous attendons à une progression de l’activité du CIP 91 à compter de septembre notamment en lien avec l’arrivée des échéances des PGE.

Actu-Juridique : Quelles sont les inquiétudes et les difficultés des chefs d’entreprise qui viennent vous voir ?

Juliette Doré : Plusieurs inquiétudes et difficultés poussent les chefs d’entreprise à venir nous voir. D’abord, l’augmentation du coût des matières premières et la hausse du prix de l’énergie, qui entraînent la baisse des marges opérationnelles, inquiètent particulièrement les chefs d’entreprise. Ils sont aussi préoccupés par la pénurie des approvisionnements et les délais qui sont très importants et continuent de s’allonger. Le remboursement des PGE est également un sujet d’inquiétude pour certains d’entre eux. Nous notons également le sujet des problématiques de recrutement qui ajoute une difficulté aux chefs d’entreprise.

Actu-Juridique : Quels sont les facteurs conjoncturels qui inquiètent le plus les chefs d’entreprise ?

Juliette Doré : Les chefs d’entreprise s’inquiètent de l’instabilité conjoncturelle qui provient de la crise sanitaire avec le risque d’un nouveau confinement, de la guerre en Ukraine mais également d’un changement d’état d’esprit des salariés qui ont de nouvelles aspirations et des exigences qui évoluent. Le président de la Confédération des petites et des moyennes entreprises de l’Essonne Didier Moinereau reconnaît : « L’instabilité conjoncturelle devient une instabilité structurelle ». L’entreprise doit donc devenir de plus en plus agile pour faire face à cette instabilité.

Actu-Juridique : De quelle manière évolue le nombre de défaillances dans le département de l’Essonne ?

Juliette Doré : Les demandes de jugements d’ouverture au 1er semestre 2022 ont progressé d’environ 8 % par rapport à l’année 2021. Il faut préciser que les défaillances d’entreprises avaient considérablement diminué en 2020 et 2021 comparé à 2019 du fait de toutes les mesures de soutien du gouvernement. Cette légère augmentation est liée comme dit précédemment à l’arrivée à échéance des PGE et la fin des aides gouvernementales liées à la crise sanitaire.

Actu-Juridique : Comment les dirigeants d’entreprise gèrent-ils leur PGE et les prêts contractés durant la crise sanitaire ?

Juliette Doré : Globalement, les entreprises qui n’ont pas utilisé les fonds du PGE laissent courir le plan de remboursement prévu. Celles qui l’ont utilisé pour subsister ont du mal à le rembourser et ont besoin de plus de temps. Certaines d’entre d’elles ont déjà demandé des délais supplémentaires de remboursement.

Actu-Juridique : Les effets économiques de la crise sanitaire sont-ils derrière nous d’après ce que vous observez dans le département de l’Essonne ?

Juliette Doré : Concernant la crise sanitaire, les effets économiques sont encore bien présents. On constate des changements d’habitude des consommateurs : les gens sortent moins, vont moins au restaurant, consomment moins. Le télétravail a largement contribué à ces changements et ces effets sont amplifiés par l’inflation actuelle. Par ailleurs, la clientèle étrangère n’est pas encore revenue en France et certains secteurs sont particulièrement touchés par exemple le luxe, la restauration et l’hôtellerie.

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