« L’Île-de-France c’est 60% des salariés du secteur bancaire »

Publié le 19/01/2022

Situé dans le quartier de La Défense, le campus Île-de-France de L’École supérieure de la banque compte près de 700 alternants par an. Ces élèves suivent des études supérieures pour des diplômes de niveau bac + 2 à bac + 5. L’ESBanque accueille également 800 collaborateurs du secteur financier pour ses formations professionnelles continues. Ils viennent suivre des cycles de formation orientés sur des métiers ou des modules de spécialisation sur des sujets d’expertise. Au début du mois de décembre 2021, Nathalie Picard est arrivée aux fonctions de responsable campus Île-de-France de l’ESBanque, avec de nombreuses ambitions.

Actu-Juridique : Comment souhaitez-vous développer le campus Île-de-France de L’École supérieure de la banque ?

Nathalie Picard : D’abord, nous souhaitons décloisonner les activités. Dans notre organisation interne, nous avons aujourd’hui l’alternance qui est à côté de la formation continue. Or il y a beaucoup de synergies à trouver. Du point de vue du développement pur, nous voulons dynamiser les cycles déjà en place et développer nos diplômes. Nous avons un certain nombre de certifications qui sont enregistrées au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et au répertoire spécifique. Ces cycles de formation, qui ont été créés dans notre ADN, méritent d’être diffusés plus largement en Île-de-France. Ils le sont déjà mais il y a une pénétration supplémentaire du marché à trouver pour augmenter notre surface de contact. Nous sommes positionnés dans une logique de formation tout au long de la vie professionnelle. Nous commençons par l’entrée dans la profession avec les alternants. Puis, nous permettons aux collaborateurs du secteur financier au fur et à mesure de leur évolution professionnelle d’évoluer grâce aux formations de l’ESBanque.

AJ : Quels sont les profils des alternants du site francilien de L’École supérieure de la banque ?

N.P. : Nous avons des formations en alternance de niveau bac + 2 à bac + 5, soit des BTS, licences professionnelles, un Bachelor Banque Omnicanal, des Masters et un Mastère. Nous avons tout type de profil, notamment à dominante commerciale ou sur des sujets de sciences humaines par exemple, les métiers auxquels nous formons étant prioritairement des métiers relationnels. Nous avons aussi des étudiants qui ont suivi des filières banque, finance ou gestion à l’université et qui viennent dans notre établissement pour poursuivre leur formation sur des métiers d’expertise comme la conformité ou la gestion de patrimoine.

AJ : Quels sont les profils des collaborateurs de banque qui viennent suivre une formation au sein de L’École supérieure de la banque ?

N.P. : Il y a deux types de collaborateurs qui viennent suivre une formation sur le campus Île-de-France de l’ESBanque. Dans notre secteur, il y a énormément de mobilité interne. C’est dans l’ADN de la banque de pouvoir passer d’un métier à un autre, en étant accompagné par son établissement pour des formations. Nous avons des collaborateurs qui commencent en tant que conseillers aux particuliers et qui souhaitent se spécialiser. Ils vont venir suivre un cycle de formation métier pour aller vers des activités de conseil aux professionnels ou conseiller patrimoine, par exemple. Souvent, ce sont des professionnels avec déjà une première expérience de 4 à 5 ans et qui souhaitent évoluer.

Quand nous touchons des métiers plus spécialisés, nous allons vers un public plus senior. Avec une expérience avérée du secteur bancaire dans différents métiers, ces collaborateurs vont se tourner vers des sujets d’expertise. Nous accompagnons également à travers des cycles de formation les managers et chefs de projet. Enfin, nous avons des formations courtes qui permettent de venir acquérir une expertise ou une remise à niveau particulière en raison des nouveaux points de règlementation ou des nouvelles approches.

AJ : Quelles sont aujourd’hui les préoccupations des entreprises bancaires ?  

N.P. : Aujourd’hui, les entreprises bancaires ont toujours en préoccupation principale le développement commercial. L’accueil du client et la manière de le suivre vont faire la différence entre chaque établissement. Les formations commerciales et relationnelles sur les soft skills sont très recherchées. Au niveau du management, les banques recherchent l’agilité, l’utilisation des outils, le management hybride, la gestion de projet. Puis, il y a des points spécifiques. La conformité est un sujet majeur. Il y a beaucoup d’obligations réglementaires dans le secteur bancaire et beaucoup de risques en lien avec la conformité. Ce domaine nécessite d’avoir des experts confirmés.

À propos du digital, c’est un axe majeur pour les banques. De notre côté, ce n’est pas une matière, ce n’est pas un sujet. Le digital est partout. Au sein des formations, le digital est transverse à tous les sujets. Nous avons aussi des formations de sensibilisation à la digitalisation et aux procédés digitaux. La question des outils est traitée par les établissements. L’appréhension de l’acte ou de la relation client par le digital peut être effectuée chez nous à travers un module de deux jours. Cette formation permet de sensibiliser les collaborateurs à l’utilisation du digital.

AJ : Quels sont les partenaires avec qui vous travaillez au quotidien ?

N.P. : Les grands groupes bancaires siègent au sein de notre conseil d’administration. Ils sont parties prenantes dans les programmes que nous mettons en place. Cela nous permet d’être pertinent dans l’offre que nous proposons. Nous avons de nombreux collaborateurs franciliens puisque la région Île-de-France représente 60 % des salariés du secteur. Puis, dans le cadre de la formation en alternance, le campus Île-de-France a des partenariats avec plusieurs universités franciliennes : les universités de Nanterre, de Cergy, de Paris-Est Créteil ou encore l’université Panthéon-Sorbonne ou Paris-Descartes.

AJ : Comment la conformité est-elle intégrée dans vos formations ?

N.P. : C’est une thématique omniprésente à l’ESBanque. Nous avons des cycles spécialisés sur la conformité, avec deux niveaux types d’activités en lien avec la conformité. D’abord, un niveau de mise en œuvre de la politique de conformité. Puis un niveau de pilotage de la conformité et de la gestion des risques. Ces programmes sont effectués en formation continue et au sein des formations en alternance. Du côté de l’alternance, nous avons un partenariat avec l’université Panthéon-Sorbonne, qui prépare des étudiants en master 2. Pour les collaborateurs, cette spécialisation intéresse les établissements bancaires car il permet de former des experts. Au-delà de ces deux cycles spécifiques, dans toutes les formations, nous avons un passage sur la conformité. Tout acte bancaire est empreint de conformité et de règlementations. Nous préparons aussi au certificat nécessaire pour l’exercice de l’emploi : la certification AMF (Autorité des marchés financiers). Enfin, nous proposons des actions de formation courte dans notre catalogue de formations interbancaires ou intrabancaires.

Nous avons créé il y a deux ans un certificat d’expert en lutte contre le blanchiment et financement du terrorisme. Il a été conçu à la demande la profession bancaire pour certifier à haut niveau les collaborateurs impliqués dans ces thématiques. Ce certificat va au-delà de l’obligation de formation sur la lutte contre le blanchiment sur laquelle nous formons à travers différents dispositifs. Les établissements s’assurent que leurs collaborateurs en charge ont les compétences et répondent bien aux obligations.

AJ : Le sujet de la conformité est en perpétuel évolution. C’est un constat que vous faites aussi ?

N.P. : Nous avons un service de conception pédagogique avec des experts dans chaque domaine. En conformité, nos concepteurs pédagogiques sont à l’écoute de toutes les évolutions sur le marché, de tous les nouveaux événements. Il n’y a pas seulement la réglementation, il y a aussi les situations auxquelles sont confrontés les établissements bancaires. Ils intègrent des nouveaux cas, de nouveaux exercices et de nouvelles règlementations. Tous nos cursus de formations sont revus plus ou moins chaque année en fonction de l’actualité. Le domaine de la conformité évolue constamment. Nous avons des blogs qui permettent d’animer la communauté. Tous les intervenants dans l’école sont des professionnels et experts en exercice, et sont des vecteurs de l’évolution du métier et des cas rencontrés. Ensuite, en matière de conformité, la règlementation se situe au niveau européen. Elle est liée à l’ensemble des directives européennes. Nous proposons aussi un volet international pour permettre d’élargir le sujet.

AJ : Comment a évolué la prise en compte du sujet de la conformité par les établissements bancaires partenaires ?  

N.P. : Il y a eu une évolution très rapide. Il y a entre cinq et dix ans, le sujet de la conformité était en gestation. Il y a eu une organisation au fur et à mesure avec des collaborateurs qui avaient une expérience dans le secteur bancaire et se sont emparés du sujet. Puis la profession s’est organisée par rapport aux directives mais également dans la professionnalisation de leurs acteurs. Nous avons lancé notre cycle autour de la conformité en 2010. Aujourd’hui, il y a une reconnaissance de ce métier et une identification des différents postes à différents niveaux. Il y a quelques années, les collaborateurs étaient polyvalents sur le sujet. Ils ont construit les services de conformité. Sur nos cycles diplômants, nous essayons d’apporter une palette assez large de compétences pour ensuite permettre aux collaborateurs de se spécialiser sur des modules particuliers.

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