Grand Paris : l’immobilier ne connaît pas la crise
Les doutes de la crise sanitaire ne semble pas toucher le marché de l’immobilier en Île-de-France. Moins actif que celui d’autres régions, il n’en est pas moins vigoureux selon les professionnels du secteur. Le nombre de ventes sur toute la région a notamment presque retrouvé son activité d’avant Covid au deuxième trimestre.
Tout va bien dans un monde qui bouge pour le marché de l’immobilier en Île-de-France. D’après les données des Notaires du Grand Paris, dévoilées le 9 septembre, les prix et le volume des ventes des logements anciens sont restés dynamiques dans la région au deuxième trimestre, et plus particulièrement en banlieue, où les maisons sont de plus en plus recherchées par les acquéreurs. Un peu plus de 40 000 ventes ont été enregistrées en l’espace d’un trimestre, soit 20 % de plus qu’il y a un an, et presque autant qu’en 2019 (-3 %). Pour les notaires « les moteurs de l’activité n’ont pas changé. La crise sanitaire et le télétravail continuent de recentrer les ménages sur leur logement, à la recherche de davantage de qualité de vie et de sécurité, dans un contexte encore fluctuant. Les taux de crédits immobiliers, toujours très attractifs, poussent à la concrétisation des projets d’achat ».
La tendance des maisons et de la grande couronne
Emblématique de ces tendances qui n’en sont plus désormais, tant elles s’étalent dans le temps, le marché des maisons en grande couronne (Yvelines, Essonne, Val d’Oise et Seine-et-Marne) poursuit son envolée. Le volume des transactions s’est ainsi établi à 9 680 au deuxième trimestre 2021, en hausse de 21 % par rapport à l’an passé, et de 17 % en moyenne sur les dix dernières années, hors effet « Covid » donc. Le record historique de vente sur trois mois de 2017 (9 800 ventes) pourrait ainsi être bientôt battu. Logiquement les prix suivent cet engouement : en hausse en moyenne de 4,8 % sur un an sur l’ensemble des départements de la grande couronne. Pour y acheter une maison il faut désormais débourser 310 000 € en moyenne, avec un pic à 408 000 € dans les Yvelines, et un plus bas à 260 500 € en Seine-et-Marne. Cette hausse annuelle des prix devrait se poursuivre selon les notaires franciliens qui misent en octobre sur un nouveau bond de 7 %.
Même constat pour les appartements en grande couronne. Porté lui aussi par le souhait des acquéreurs de jouir d’un meilleur environnement après des mois de confinement, le marché atteint des records. Le nombre de ventes trimestrielles s’est envolé de 29 % au deuxième trimestre comparé à la même période sur ces dix dernières années. Moins importante que pour les maisons, la hausse annuelle des prix des appartements n’en est pas moins significative : + 4,1 %. Là encore les orientations des notaires, basées sur la signature des avant-contrats, spéculent sur une nouvelle poussée dans les prochains mois.
Naturellement, le marché des appartements et des maisons en petite couronne est moins dynamique. Les biens étant plus rares, le nombre de ventes s’en trouve réduit, notamment pour les maisons très prisées par les nouveaux acheteurs. L’évolution des prix sur un an est tout de même élevée : +4,4 % pour les appartements, et + 5,8 % pour les maisons.
« Une vague de fond, qui va perdurer pendant quelques années »
À Paris, enfin, marché symbolique évidemment où le prix moyen du m² dépasse les 10 000 € depuis deux ans, et principale victime des quelques changements engendrés par la crise sanitaire, les ventes et les prix stagnent sur un an (-1 % et -0,2 % respectivement), et confirment eux aussi, à leur manière, les nouvelles attentes des acquéreurs. Néanmoins les projections des Notaires du Grand Paris semblent indiquer une remise en route prochaine du marché parisien. Ainsi, selon les signatures des avant-contrats, les prix des biens repartiraient à la hausse, au troisième trimestre, avec un rebond de 1 %. Cela signifie-t-il dès lors la fin, déjà, de « l’effet Covid » pour le marché de la capitale et corollairement pour la région-capitale ? Pas nécessairement selon Thierry Delessale, notaire à Paris, et président de la commission des statistiques immobilières de la Chambre des notaires du Grand Paris, qui parie davantage « sur une vague lente, une vague de fond, qui va perdurer pendant quelques années même s’il est vraisemblable qu’il y ait un ressac. Là personne n’est capable de dire quand il aura lieu ni son ampleur ». Pour l’heure, les structures du marché immobilier en Île-de-France restent inchangées avec des taux d’intérêts historiquement bas et une volonté d’achat intacte de ses habitants. Le manque de construction, et la fin du « quoi qu’il en coûte » porté par l’État – et ses éventuelles répercussions sur l’économie nationale – pourraient néanmoins endosser le rôle de trouble-fête dans un marché francilien qui reste encore solidement ancré dans ses certitudes.
Référence : AJU001v5