Paris (75)

La baisse des prix de l’immobilier à Paris ne devrait pas durer

Publié le 25/05/2021

Impacté par la crise, le marché immobilier parisien n’en reste pas moins robuste. Des prix très élevés et une demande toujours importante constituent les fondements d’un marché dynamique d’après Nicolas Gay, président et cofondateur de Welmo, la première agence immobilière 100 % en ligne.

Les Petites Affiches : Quel est l’état du marché immobilier à Paris après plus d’un an de pandémie et plusieurs périodes de confinement ?

Nicolas Gay : Il se porte extrêmement bien. Les transactions sont revenues à leur point le plus avant confinement. Si les agents immobiliers et tous les acteurs du marché ont eu des doutes en mars 2020, après le premier confinement au regard de ses conséquences sur le marché parisien, ces doutes ont tous été dissipés l’été dernier. Même les scénarios les plus optimistes n’avaient pas anticipé un tel rebond du marché au mois de mai 2020. La confiance des ménages dans la pierre reste très élevée. C’est l’un des investissements préférés des Français. À cela s’ajoutent des taux de crédits bancaires qui demeurent bas (en moyenne 1,20 % sur 25 ans, voire 0,8 % pour les meilleurs dossiers). Les conditions d’achat sont donc favorables. Enfin, dernier critère essentiel à la bonne tenue du marché immobilier : le taux d’emploi. Là les craintes sont logiquement plus importantes, notamment pour certains secteurs d’activités comme la restauration, l’hôtellerie, la culture ou l’aéronautique, mais globalement les indicateurs sont encore stables. La confiance des banques dans les acquéreurs n’a pas été trop impactée.

Concernant ensuite les effets du confinement sur les modes de vie, nous avons constaté des départs de Parisiens pour la province attirés par des biens avec un jardin, mais de manière limitée toutefois. En conséquence, la demande reste bien supérieure à l’offre et les prix à des niveaux élevés.

LPA : Les prix du marché dans la capitale n’ont donc pas baissé comme beaucoup le prédisaient ?

N.G. : Il y a une baisse avérée des prix ces derniers mois à Paris, de l’ordre de 1,4 %. Mais nous sommes toujours, en moyenne, à plus de 10 000 € le mètre carré. Le confinement est-il la cause de cette baisse ? Je pense surtout qu’il s’agit là d’une régularisation suite à une hausse continue depuis des années. Cette année atypique a néanmoins accéléré cette régularisation.

Dans le détail, Paris est coupée en deux. Dans l’ouest parisien, les VIe et VIIe arrondissements sont ceux où les prix ont le plus flanché : – 4 %. Les VIIIe et XVIe ont également vu leurs prix baisser, mais dans une moindre mesure. À l’inverse, dans l’est de Paris, dans le XIIe, XIIIe, XVIIIe et XXe arrondissements, les prix continuent d’augmenter. Ainsi, si l’on fait une généralité, il est possible d’annoncer une baisse des prix de l’immobilier à Paris, mais en réalité cette baisse générale cache des disparités. Ce n’est donc pas une tendance structurelle qui traduirait une bascule du marché parisien. Les fondamentaux ne s’en trouvent pas modifiés. Je ne serais même pas surpris si dans quelques mois, peut-être début 2022, les prix repartaient à la hausse.

LPA : Il n’y a pas de crise immobilière en perspective d’après vous ?

N.G. : J’étais très réservé et dans l’attente quand le premier confinement est entré en vigueur. Comme beaucoup de métiers, nous faisions face à l’inconnu. Les Parisiens allaient-ils déserter dans le temps la ville ? Même si je n’ai jamais cru à cette théorie, la question était posée. Mais les chiffres ne traduisent pas cela. Ainsi, malgré la fermeture prolongée des cafés, restaurants, et lieux culturels, la ville reste convoitée. Les grandes annonces du début du confinement, quant à de nouvelles façons de vivre et le besoin d’espace exprimé par beaucoup, ont fait place à la réalité. Tout le monde ne peut pas et ne veut pas quitter la capitale pour s’installer en province. En tout cas dans des proportions bien plus limitées qu’imaginées. J’en veux pour preuve qu’à Welmo nous cherchons en ce moment à recruter de nouveaux collaborateurs pour répondre à la dynamique du marché.

LPA : Avez-vous constaté tout de même une évolution dans la recherche de biens ? Les acquéreurs sont-ils par exemple davantage intéressés par un appartement avec un balcon ou avec davantage de pièces ?

N.G. : Oui, clairement. La demande de biens immobiliers avec espaces extérieurs ou balcons filants a augmenté depuis un an. Les acquéreurs sont prêts à faire des efforts financiers pour en bénéficier. Un même appartement en dernier étage avec un balcon est 20 % plus cher qu’au premier étage sans balcon. Beaucoup d’acheteurs souhaitent aussi disposer d’un espace pour un bureau. Pour autant, à Paris, les studios et les deux pièces demeurent de loin les biens les plus recherchés. Et notamment par des acheteurs qui veulent garder un pied-à-terre à Paris bien qu’ils aient déménagé.

LPA : Est-ce une bonne période si l’on souhaite vendre ou acheter un bien immobilier à Paris ?

N.G. : Oui, car comme je vous le disais, les acheteurs sont nombreux. Les prix à la vente sont donc élevés. Attendre une nouvelle hausse significative des prix me paraît être un pari risqué. Qui peut prédire dans une telle situation quand cela arrivera précisément ? Historiquement aussi, le printemps et le début de l’été sont des périodes optimales pour vendre ou acheter un bien. Les déménagements sont faits ainsi avant les vacances d’été et la rentrée scolaire de septembre.

Pour les acheteurs, la problématique est sensiblement la même. Miser sur une baisse des prix à Paris n’est pas nécessairement très judicieux. La crise l’a montré, les prix se maintiennent dans la capitale. Aussi les conditions de crédits auprès des banques sont favorables malgré le contexte économique. Espérer mieux c’est courir le risque de voir le scénario contraire se réaliser.

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