Projets d’investissements en Île-de-France, pas d’annulations liées au Covid-19
De loin la région française la plus attractive pour les investisseurs étrangers, l’Île-de-France estime que 30 à 40 % des projets prévus en 2020 pourraient être revus à cause de la crise du coronavirus. Franck Margain, président de « Choose Paris Region », l’agence de promotion et d’attractivité internationale de la région Île-de-France, reste néanmoins confiant, la région reste depuis le Brexit « la terre d’atterrissage du business en Europe ».
Les Petites Affiches : Après une année 2019 record en termes d’investissements internationaux craignez-vous le pire pour 2020 du fait de la crise économique engendrée par le Covid-19 ?
Franck Margain : On craint forcément un ralentissement des flux entrants. Nous ne craignons pas en revanche un effondrement des investissements internationaux. Les projets d’installation sont des projets qui sont pensés sur plusieurs années. On ne décide pas de venir dans une ville quelques semaines ou mois avant de le faire de manière effective. Ce sont des projets généralement engagés par des conseils d’administration de très grands groupes sur fond de décisions stratégiques à long terme.
Selon les données dont nous disposons, nous considérons que 30 à 40 % des projets seront « repensés ». Attention il s’agit bien de réflexions dans un contexte exceptionnel et mondial, et pas d’annulations. Pour l’heure aucun grand groupe ou investisseur nous a fait part de son désir d’annuler, purement et simplement, son implantation en Île-de-France.
LPA : Quelle est votre stratégie pour faire face à cette situation inédite pour l’investissement ?
F. M. : Notre stratégie repose sur un triptyque. D’abord, nous profitons d’une politique d’accompagnement très importante de la part de la région et de sa présidente, Valérie Pécresse. Au plus fort de la crise il y a eu le fonds de solidarité, les équipements en masques et matériels médicaux, ou encore le prêt rebond. C’est très rassurant pour les investisseurs qui observent la gestion de la crise par les pouvoirs publics. La région vient enfin de présenter un plan de relance d’un montant d’1,3 milliard d’euros.
À cela s’ajoutent les actions mises en place aussi par le gouvernement pour protéger le système économique. Nous avons en France la meilleure indemnisation du chômage partiel d’Europe. Nous avons également tout une série d’ordonnances qui a permis aux chefs d’entreprise de continuer à travailler malgré le contexte. L’ensemble a donné une image « business friendly » de notre pays.
Enfin, nous comptons bien sûr sur les atouts intrinsèques de la région qui eux n’ont pas changé. Nous sommes notamment au cœur de l’euro et de l’Europe, ce que Londres n’est plus aujourd’hui. Ainsi un investisseur qui veut lancer son business en Europe regarde désormais les facilités qui existent en région Île-de-France. Nous sommes depuis le Brexit la terre d’atterrissage du business en Europe. Londres a perdu à cet égard sa place naturelle.
Naturellement nous lançons en ce moment de grandes campagnes de communication pour mettre en avant cette stratégie à l’international. L’Île-de-France déborde de talents et de richesses.
LPA : Paris et sa région ont été plus impactées par la crise sanitaire par rapport à d’autres grandes agglomérations, notamment allemandes. N’est-ce pas une faiblesse pour l’avenir ?
F. M. : C’est une préoccupation en effet. Personnellement, je crains la concurrence de villes comme Amsterdam pour le commerce, Dublin pour la finance ou encore Berlin. Ce sont de grandes capitales qui disposent elles aussi d’atouts très importants et qui ont peut-être moins subi la crise sanitaire que nous.
Puisque vous évoquez l’Allemagne, il est vrai qu’elle a très bien communiqué sur sa gestion de la crise bien que l’économie ait été arrêtée comme la nôtre et la population confinée. Néanmoins, d’après nos chiffres, la contraction du PIB sera la même : – 10 % en Allemagne et en France ! Attendons donc avant de tirer des conclusions sur les conséquences de la crise. Pour l’instant nous travaillons à relancer la machine économique.
LPA : Les entreprises vont-elles considérer de nouveaux critères pour leurs investissements du fait de la crise du coronavirus ?
F. M. : Oui, et notamment un critère qui est peu évoqué encore, c’est la capacité qui leur est offerte de faire télétravailler leurs employés. Ces entreprises, avant de s’installer dans un pays étranger, vont regarder la qualité des moyens de communication informatique, la disponibilité des espaces de coworking ou encore la possibilité, pour leurs cadres, de se rendre en centre-ville rapidement tout en restant télétravailler chez eux. Il leur faut des bureaux très flexibles et nous sommes déjà contactés à ce propos.
Les entreprises ont très bien compris que les salariés n’avaient pas rejeté le télétravail et qu’ils l’avaient même trouvé intéressant. Ce sont aussi des économies en perspective pour elles. Si une entreprise fait télétravailler deux jours par semaine ses salariés, elle peut réduire mécaniquement ses espaces de bureaux de 30 %. Le patrimoine immobilier représente le deuxième poste de coût pour une entreprise.
Enfin, les entreprises vont aussi être attentives désormais à la manière dont est organisée la protection sanitaire en cas de nouvelle crise, qu’elle soit virale, climatique ou autre. S’il y a de nouveaux confinements à l’avenir, comment peuvent-elles organiser le travail à distance tout en restant proche des centres urbains ? Choose Paris Region peut ainsi faire valoir aux investisseurs des villes comme Fontainebleau ou Rambouillet. Elles sont toutes les deux bordées par la forêt et offrent un cadre de vie exceptionnel tout en étant très bien reliées. Des villes qui avaient l’air, il y a encore peu, assez éloignées du centre économique et culturel francilien, seront encore plus facteurs de promotion pour la région.