La beauté apaisée

Publié le 17/05/2018

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L’art doit-il être beau ? L’art est-il salvateur… où nous mène la quête de beauté dans l’art… Notre œil, nos goûts nous poussent-ils vers la beauté ? La beauté donne-t-elle du sens à la vie ? La beauté apaise-t-elle les âmes… Tel est le thème central du nouveau roman de David Foenkinos, Vers la beauté.

La question qui sous-tend ce roman semble être : faut-il ostensiblement se laisser guider vers la beauté afin que nos peurs, nos angoisses, si ce n’est disparaissent, du moins s’estompent, s’étiolent, s’émoussent.

À quoi sert la beauté ? À nous aider à vivre, semble crier ce roman, qui nous touche plus qu’on ne l’avait imaginé.

Antoine Duris, professeur des Beaux arts de Lyon, décide du jour au lendemain de tout quitter pour devenir gardien de musée, certes pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du musée d’Orsay, mais tout de même…

Pourquoi cet abandon d’une vie bien rangée, que cache cette volonté de s’éloigner de sa zone de confort pour vivre cette nouvelle vie, à côté des plus belles œuvres d’art, certes, mais en silence et sans communiquer son savoir, surtout ne pas parler aux touristes en admiration, de peur de provoquer l’ire des guides assermentés !

Cet homme bien sous tous rapport a vécu un drame, ce que nous découvrirons dans la deuxième partie du roman, mais ce changement de vie va justement le ramener à la vie et au sens même de l’art. Dans cette mue, pour que cette renaissance ait lieu, il faudra la présence d’une femme qui va l’aider à reprendre pied, à communiquer et lui permettre de redonner du sens à sa vie. Finalement, son incartade dans la vie de guide sera de courte durée, il reprenda bien vite sa place dans le monde de l’art, guidé par une mission qui s’imposera à lui.

En parallèle, il y a Camille, jeune étudiante aux Beaux arts de Lyon, qui justement fut une élève d’Antoine Duris. Que cache cette jeune fille, pourquoi est-elle si mal dans sa peau, si triste et angoissée ?

Les deux récits se succèdent, mais en parallèle ; ces deux destins vont se croiser, et de là va émerger cette réflexion sur l’art et le sens qu’il peut prendre dans des vies défaites.

La beauté peut-elle constituer un excipient à la brutalité de la vie ?

C’est ce que semble suggérer avec des mots simples ce récit de David Foenkinos. Peu importe le chemin, il faut tendre vers la beauté du monde, de l’art, de l’amour des siens pour reprendre goût à la vie.

Cette histoire nous émeut, les mots sont justes, mais nous restons sur notre faim, nous aurions aimé une réflexion plus profonde, une mise en perspective sur l’art.

Les grands absents sont finalement les œuvres elles-mêmes ; elles sont évoquées, esquissées mais finalement peu présentes dans le roman.

Certes l’émotion est très présente dans le récit de Camille, mais la réflexion s’achève un peu trop vite, avec une sensation d’inachevé, de travail inabouti, voire même hors sujet.

Cette réflexion aurait peut-être demandé plus de pages, plus de propos philosophiques, mais il reste un bon roman empreint d’humanité. Alors si vous souhaitez vous confronter à la beauté, n’hésitez pas à lire ce roman et pourquoi pas prendre au plus vite un billet pour aller visiter l’un des 1 200 musées de France !

 

LPA 17 Mai. 2018, n° 136h8, p.16

Référence : LPA 17 Mai. 2018, n° 136h8, p.16

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