Le Grand Paris continue sa mise en place

Publié le 06/06/2017

Pour son 4e « baromètre du Grand Paris des entreprises », la CCI Île-de-France a tenu à souligner les avancées positives du projet, notamment en matière de construction de nouveaux logements. Elle appelle cependant à la vigilance pour la suite.

Inauguré fin 2015, le baromètre du Grand Paris des entreprises a été conçu comme un outil permettant de suivre l’avancement du projet du Grand Paris dans toutes ses dimensions. Élaboré par la CCI Paris Île-de-France en collaboration avec les fédérations professionnelles concernées et les antennes régionales de la CPME et du Medef, ce quatrième baromètre se veut résolument optimiste. La finalisation des procédures administratives pour les lignes du Grand Paris Express, le démarrage des projets CDG Express et de l’extension du RER E à l’ouest sont autant de bonnes nouvelles pour l’ensemble des acteurs. Autre point de satisfaction, le nombre record de logements (plus de 70 000) mis en chantier en 2016. Une accélération du projet que confirme José Ramos, président de la FRTP Île-de-France, « les travaux vont monter en puissance ces prochains mois. Il s’agit là d’un véritable relais de croissance ».

Vigilance sur les retards de calendriers

Pour autant, le baromètre appelle à rester vigilant sur les risques de retards. Des premiers glissements ont pu être observés dans le calendrier et tous veulent éviter que les échéances soient repoussées. Pour Jean-Luc Tuffier, président de la Fédération française du bâtiment Grand Paris (FFB GP), l’enjeu est d’envergure nationale car il fera de l’Île-de-France « (…) la vitrine de l’attractivité de l’économie française et une offre adéquate à l’accueil des Jeux olympiques 2024 et de l’Exposition universelle 2025. Le respect des délais de ce fabuleux projet est incontournable pour le rayonnement de notre nation ». Les entreprises ont donc énoncé trois souhaits pour le futur du Grand Paris. Le respect des calendriers pour les transports en premier lieu, un élément-clé pour éviter que les délais apportent des contraintes financières supplémentaires. L’accélération de la construction des logements ensuite, car si les efforts actuels sont déjà positifs il faut néanmoins les poursuivre encore plus loin. Le tout sans oublier les 37 000 logements sociaux identifiés dans le Schéma régional de l’habitat et de l’hébergement (SRHH) ainsi que les logements intermédiaires qui répondent aux besoins des salariés. Un dernier point concerne la réglementation sur les matériaux et déblais, les fédérations demandent en effet à ce que celle-ci gagne en cohérence et en stabilité. Car si la loi fixe un objectif de valorisation de 70 % des déchets du BTP à l’horizon 2020, le cadre régional reste encore instable (le futur plan unique des déchets est toujours en cours d’élaboration) et la réglementation existante est insuffisamment mise en œuvre (notamment pour ce qui concerne l’exemplarité des chantiers du Grand Paris) au regard des fédérations d’entreprises. Pour commenter dans le détail ce quatrième baromètre du Grand Paris, Étienne Guyot, directeur général de la CCI Paris Île-de-France, a accepté de répondre aux questions des Petites Affiches.

Les Petites Affiches – Globalement, où en est-on du projet du Grand Paris ?

Étienne Guyot – Le projet du Grand Paris avance bien, on observe un mouvement global de la part de l’ensemble de la métropole francilienne, sous toutes ses composantes. Il faut se rappeler que le Grand Paris a été lancé par une majorité de droite et confirmé par une majorité de gauche. C’est la preuve, s’il en fallait, qu’il s’agit d’un projet consensuel dans lequel se retrouvent l’État, les collectivités et les partenaires publics et privés. Et c’est également un projet auquel les citoyens ont participé au vu des nombreux débats publics qui ont été organisés. Ce quatrième baromètre, initié avec les douze fédérations professionnelles concernées par le Grand Paris, offre une vision positive de la situation. Et cela même si nous avons souhaité mettre en avant plusieurs points de vigilances. Il est vrai qu’il a pu y avoir quelques retards ici et là, par rapport au calendrier fixé en 2013, mais le projet avance. Toutes les déclarations d’utilité publique ont ainsi été obtenues, y compris sur des chantiers cruciaux tels que le Charles de Gaulle Express. Les travaux de construction des gares ont commencé, notamment sur la ligne 15 Sud qui relie Pont de Sèvres à Noisy-Champs. Ceux des tunneliers devraient eux commencer à partir de 2018. Enfin, le Grand Paris s’inscrit aussi dans la perspective de deux grands événements pour lesquels la France est candidate : les Jeux olympiques et l’Exposition universelle.

LPA – Justement, le Grand Paris est-il un argument dans la promotion de ces candidatures ?

É. G. – C’est un argument en faveur de ces candidatures et c’est un véritable accélérateur. Nous sommes l’une des seules métropoles au monde à avoir un tel projet et ce projet est un signal fort qui montre aux pays étrangers que la France est en mouvement. Et pour tous les acteurs du Grand Paris, que ce soient ceux qui bâtissent des logements, ceux qui construisent le métro ou encore des entreprises qui souhaitent s’implanter ou se développer, cela permet aussi de fixer un objectif à l’horizon. Tout le monde souhaite être prêt pour les événements de 2024 à 2025, nous savons que c’est un challenge mobilisateur et une opportunité à ne pas rater.

LPA – Les délais et retards constituent-ils une vraie inquiétude ?

E. G. – La CCIR et les fédérations observent de réelles avancées, ce qui ne nous empêche pas de rester très attentifs aux calendriers. La raison est simple : plus un chantier dure, plus il coûte cher. Prendre du retard a donc un impact financier, mais aussi un effet négatif sur la dynamique même du projet. C’est pourquoi, nous avons nommé ce baromètre : « Ne pas ralentir, ne jamais s’arrêter. Nous avons un projet ambitieux qu’il faut absolument mener à son terme, il a un impact en matière d’emplois, de croissance et d’innovation… et il représente une vitrine pour notre pays. Lors des JO et de l’Exposition universelle, nous aurons le métro le plus moderne au monde ! Le chantier créera entre 15 000 et 20 000 emplois par an à compter de 2018, en parallèle on estime à 115 000 le nombre d’emplois supplémentaires créés pour la métropole d’ici à 2030. Les entreprises vont donc se préparer à recruter, si le projet subissait du retard cela nuirait à tout le monde. Nous serons donc vigilants sur ce sujet.

LPA – Comment avez-vous associé les entreprises de la région au Grand Paris ?

E. G. – Nous y avons veillé par le biais de plusieurs actions dans leur direction. L’initiative la plus emblématique est « CCI Business » qui permet de rassembler sur un même site, l’ensemble des composantes du Grand Paris. Le tout sous la forme d’une plate-forme numérique qui comprend des volets consacrés au transport, à l’aménagement, au logement ou encore aux Smartcities. Cette plate-forme est accessible gratuitement à toutes les entreprises concernées, notamment aux PME qui sont nos cœurs de cible. Elles vont y trouver les intentions et appels à manifestation d’intérêt des donneurs d’ordres et maîtres d’ouvrage. Notre rôle en tant que CCI, est d’aider les PME à se préparer pour répondre aux marchés publics. Nous organisons également des rencontres, département par département, avec les maîtres d’ouvrage. Il s’agit d’un véritable service que nous offrons aux entreprises qui reçoivent une lettre hebdomadaire. Les entreprises peuvent donc s’organiser en amont et avoir de la visibilité sur des marchés qui auront lieu d’ici plusieurs années. Elles peuvent aussi en profiter pour créer des alliances, entre entreprises de taille intermédiaire et PME par exemple. Pour les maîtres d’ouvrage, cela leur offre le bénéfice d’une diversification des entreprises en capacité de travailler pour eux. Ces initiatives ont déjà porté leurs fruits puisque la majorité des entreprises inscrites sur la plate-forme sont de l’Île-de-France, bien que n’importe quelle entreprise puisse s’inscrire, quelle que soit son implantation géographique.

LPA – Le Grand Paris comporte aussi un volet logement, pourquoi est-il si important ?

E. G. – Le logement, avec son corollaire, le volet transport, est absolument déterminant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la loi Grand Paris 2010 concerne ces deux plans, et a fixé un objectif de construction d’au moins 70 000 logements par an. Nous avons dépassé ce chiffre pour la première fois en 2016, mais nous ne comptons pas nous en satisfaire pour autant. La CCIR s’est prononcée de façon claire pour porter l’objectif de construction à 90 000 logements par an en Île-de-France, pour rattraper le retard des dernières années. C’est capital, car la population francilienne va augmenter de façon importante : d’ici à fin 2030, les projections démographiques prévoient en effet un million et demi d’habitants supplémentaires, il faut donc pouvoir loger les gens. Cela doit se faire notamment en corrélation avec l’amélioration des transports et la construction des nouvelles lignes de métro. Il est essentiel de construire les logements là où se trouvent les nouvelles gares du Grand Paris Express où vont s’implanter aussi de nouvelles activités. Pour une entreprise, il est essentiel que ses salariés soient bien logés, et c’est justement l’avantage de concevoir transport et logement ensemble : pouvoir rapprocher les lieux de domicile et de travail et diminuer les temps de trajets. C’est un argument de qualité de vie pour les salariés qui a un impact sur le plan personnel et professionnel.

LPA – Nous arrivons bientôt à l’issue d’une période électorale pour le moins mouvementée. Espérez-vous que l’État réitère son soutien au Grand Paris ?

E. G. – Bien sûr, mais nous ne sommes pas inquiets. Le nouveau président de la République a exprimé très clairement, lorsqu’il était candidat, sa vision et son attachement au projet du Grand Paris. Les choses semblent très bien parties.

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