Âge, patrimoine moyen, revenus : qui a payé l’IFI en 2022 ?

Publié le 16/06/2023
Âge, patrimoine moyen, revenus : qui a payé l’IFI en 2022 ?
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Avec une imposition totale d’1,8 milliard d’euros, l’IFI 2022 a augmenté de 10 % par rapport à l’année précédente, comptant 7,3 % de nouveaux foyers. Près de la moitié des foyers à l’IFI disposent d’un patrimoine immobilier imposable inférieur à 1,8 million d’euros. Les foyers imposés à l’IFI sont âgés et résident en majorité en Île-de-France.

En avril dernier, la DGFiP a publié les statistiques relatives à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) d’après les données collectées en 2022 (DGFIP, statistiques, avril 2023, n° 15). Il en ressort que près de 164 000 foyers ont reçu de l’administration fiscale un avis d’IFI pour un montant total d’imposition d’environ 1,8 milliard d’euros, soit 10 % de hausse par rapport à 2021.

Une hausse de 10 % en 2022 en raison de la hausse du prix des logements

En 2022, l’IFI a atteint 1,8 milliard d’euros, en hausse de 10,1 %. Il concerne précisément 163 895 foyers fiscaux. Plusieurs raisons à cela. La première est l’augmentation du nombre de foyers fiscaux visés par l’IFI, qui croît de 7,3 %. Cet élargissement entraîne une augmentation du patrimoine immobilier imposable déclaré, qui croît de 8,6 %, s’élevant à 405 milliards d’euros. En outre, le montant d’impôt moyen croît de 2,5 %, s’élevant en 2022 à près de 11 200 euros par foyer, alors que le patrimoine moyen augmente de seulement 1,1 %. Selon l’Insee, l’augmentation du nombre de foyers à l’IFI pourrait être liée à la hausse du prix des logements en 2021, qui s’est élevée à 7,1 %. Mécaniquement, cette hausse a fait augmenter la valeur des biens immobiliers détenus par les foyers, alors que le seuil d’imposition à l’IFI, lui, n’a pas augmenté. Le montant moyen déclaré pour la résidence principale est à cet égard en hausse de 2,3 % sur un an. C’est logiquement dans les tranches de patrimoine inférieures que les nouveaux foyers IFI se rangent : + de 6,3 % chez les foyers dont le patrimoine est inférieur à 2,5 millions d’euros. Quant aux foyers déjà présents à l’IFI, ils ont vu leur patrimoine augmenter : neuf foyers à l’IFI sur dix présents en 2021 le sont toujours en 2022, pour un patrimoine moyen ayant entre-temps augmenté de 4,1 %. Par ailleurs, les foyers IFI non-résidents (près de 10 700) sont en augmentation de 3,6 %.

Les revenus des foyers IFI

Près de 98 % des foyers fiscaux à l’IFI ont déclaré avoir perçu des revenus en France au cours de l’année 2021, pour en moyenne un revenu imposable annuel de 147 300 euros en hausse de 2,5 % sur un an. La moitié d’entre eux dispose d’un revenu imposable inférieur à 98 000 euros, voire pour un quart d’entre eux, inférieur à 59 000 euros. À l’opposé, ce revenu moyen est supérieur à 157 000 euros, pour un quart de ces foyers IFI. Dans les foyers non IFI, ce revenu imposable moyen pour l’année 2021 s’élève à 26 100 euros.

La valeur moyenne du patrimoine taxable

44 % des foyers IFI 2022 (71 500 foyers) disposent d’un patrimoine immobilier imposable compris entre 1,3 et 1,8 million d’euros. La moitié d’entre eux paient une cotisation inférieure à 4 000 euros.

30 % ont un patrimoine situé entre 1,8 million et 2,5 millions d’euros.

Près de 25 % dispose d’un patrimoine immobilier imposable supérieur à 2,5 millions d’euros.

Et près de 2 % ont un patrimoine supérieur à 7,5 millions d’euros, dont 0,4 % pour lesquels le patrimoine déclaré est supérieur à 15 millions d’euros. La moitié d’entre eux s’acquitte d’un montant d’impôt supérieur à 192 000 euros.

Des redevables âgés

La DGFiP souligne par ailleurs que les foyers imposés à l’IFI sont plus âgés que ceux déclarant l’impôt sur le revenu. L’âge du premier déclarant du foyer fiscal est en effet de 70 ans en moyenne, contre 54 ans pour le premier déclarant des foyers fiscaux imposables à l’impôt sur le revenu au titre de l’année 2020 et non soumis à l’IFI.

Parmi les foyers IFI, trois sur dix ont un premier déclarant âgé entre 45 et 64 ans ; près d’un tiers des foyers a un premier déclarant âgé entre 65 et 74 ans, et 35 % ont un premier déclarant âgé de plus de 75 ans. Seuls 3 % des foyers à l’IFI ont un premier déclarant âgé de 44 ans ou moins.

Paradoxalement, les foyers les plus jeunes sont ceux qui déclarent en moyenne le patrimoine immobilier imposable le plus élevé : 2,8 millions d’euros au sein des foyers dont le premier déclarant a entre 25 et 44 ans. Chez les déclarants plus âgés, le patrimoine immobilier imposable est en moyenne de 2,5 millions d’euros, dont 2,4 millions d’euros pour ceux dont le premier déclarant a entre 65 et 74 ans.

Et majoritairement franciliens

Les plus fortes concentrations de foyers à l’IFI parmi les foyers à l’impôt sur le revenu se trouvent à Paris : 2,8 %. Et, avec 7 000 foyers fiscaux, les résidents français à l’étranger représentent la deuxième plus forte concentration : 2,6 % des foyers IFI.

Par ailleurs, la proportion de foyers à l’IFI est également élevée dans les départements de la côte atlantique, de la côte méditerranéenne, de la Savoie et Haute-Savoie. Paris regroupe 26 % des déclarants à l’IFI (41 500 foyers) suivi par les Hauts-de-Seine (15 000 foyers) et les Yvelines (7 600 foyers).

La part de la résidence principale

Plus un foyer IFI a un patrimoine immobilier imposable important, moins sa résidence principale, après un abattement fiscal de 30 %, constitue une part prépondérante de celui-ci.

La résidence principale (après abattement) représente en effet en moyenne 31 % du patrimoine déclaré pour les foyers dont le patrimoine immobilier imposable est compris entre 1,3 et 2,5 millions d’euros, et 7 % pour les foyers dont le patrimoine est supérieur à 10 millions d’euros. Même tendance pour les autres immeubles détenus directement par les foyers : ils représentent 58 % chez les foyers les plus faiblement imposés à l’IFI, et 37 % du patrimoine immobilier imposable des plus aisés.

Autre indicateur : la part des biens détenus indirectement. Elle augmente fortement au sein du patrimoine des foyers, à mesure que celui-ci s’élève. Elle concerne 17 % chez les foyers les plus faiblement imposés à l’IFI, et atteint 59 % pour les plus aisés d’entre eux. Quant aux dettes déclarées, leur proportion décroît avec le patrimoine immobilier imposable des foyers. Elles représentent 7 % du patrimoine des foyers les moins imposés à l’IFI, contre 4 % du patrimoine des foyers les plus fortement imposés.

Les revenus des foyers à l’IFI sont en hausse

La DGFiP constate par ailleurs que les foyers à l’IFI sont en augmentation du fait de la forte hausse des revenus de capitaux mobiliers et des plus-values.

Les revenus des foyers IFI présentent plusieurs caractéristiques. Ils sont tout d’abord plus diversifiés que des foyers fiscaux ayant seulement adressé une déclaration de revenus. Les revenus issus du patrimoine mobilier (27,9 % des revenus déclarés), les revenus divers (20 %) et ceux issus du patrimoine immobilier (12,4 %) occupent une part plus importante dans les revenus des foyers à l’IFI. Ils sont chacun limités à moins de 2,5 % au sein des revenus des foyers déclarant seulement l’impôt sur le revenu.

En outre, le montant total des revenus déclarés a augmenté plus fortement chez les foyers imposés à l’IFI : +31,7 %, contre 5,7 % chez les autres foyers. Ce sont les revenus de capitaux mobiliers qui contribuent pour 12,7 % à la hausse globale des revenus des foyers IFI : ils ont augmenté de plus de moitié entre 2020 et 2021. De même, les revenus divers, dont les plus-values, ont doublé sur une année.

Les dons ayant donné lieu à la réduction d’IFI

En 2022, plus de 31 300 foyers à l’IFI ont indiqué avoir effectué des dons à des organismes d’intérêt général, établis en France ou dans un autre État européen, soit une hausse de plus de 9 % sur un an. Ces dons s’établissent à 193 millions d’euros, soit 6 200 euros en moyenne par foyer donateur.

Cette hausse s’explique en grande partie par la hausse du nombre de donateurs (+7,5 %), plus que par la hausse du montant du don moyen (+1,8 %). Le montant des dons des foyers à l’IFI croît avec le niveau de patrimoine immobilier imposable. Les dons à des organismes d’intérêt général ont entraîné une réduction d’impôt de 123 millions d’euros au total, ce qui représente en moyenne 4 300 euros par foyer, soit près de la moitié de l’IFI de ces foyers.

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