Une cité pour faire rayonner les droits des femmes

Publié le 14/06/2019

Alors que la parole des femmes est davantage écoutée depuis le mouvement « Me too », la ville de Paris souhaite consacrer un lieu aux droits des femmes. Une « cité de l’égalité et des droits des femmes » devrait donc ouvrir ses portes en plein cœur de Paris d’ici quelques mois, dans le VIe arrondissement. Elle sera administrée et animée par la Fondation des femmes. Sylvie Pierre-Brossolette, chargée pour la Fondation de la mission de préfiguration de cette cité, nous détaille les grandes lignes du projet.

Les Petites Affiches

En quoi consiste le projet de cité des femmes ?

Sylvie Pierre-Brossolette

L’idée est de faire de ce lieu à la fois un lieu d’accueil pour les associations, un lieu de débat de réunion, de colloques autour des sujets qui concernent les femmes, un lieu de convivialité, avec un bar-restaurant où hommes et femmes pourraient se retrouver. Il y aura enfin des bureaux pour accueillir d’éventuelles start-up montées par des femmes et des expériences de coworking. C’est un lieu, en somme, qui serait fait pour faciliter la vie des femmes, les réunir et faire connaître également leur histoire car il y aurait des lieux d’expositions sur l’histoire du féminisme. Et si on a la place, on essaierait de mettre la bibliothèque Marguerite Durand qui est pour le moment dans le XIIIe arrondissement, qui est la seule bibliothèque féministe. Ce type de structures existe déjà dans d’autres grandes métropoles : New-York, Bruxelles et Montréal.

LPA

Il y aura des informations juridiques ?

S. P.-B.

Ce serait également un lieu d’accueil pour l’information des femmes à Paris. Elles pourront y être renseignées sur leurs droits, ou au minimum être redirigées vers les interlocuteurs qui pourront répondre à leurs problèmes juridiques spécifiques. La Fondation des femmes dispose de 150 juristes bénévoles. Les services de la mairie de Paris ou les associations elles-mêmes qui seront dedans pourront eux aussi guider et aider les femmes en demande de renseignements.

LPA

Que reste-t-il encore à faire ?

S. P.-B.

Nous avons aujourd’hui trouvé le lieu, dans le VIe arrondissement de Paris. Cela n’a pas été facile, car il y a certes beaucoup de lieux, mais aussi beaucoup de besoins ! Il faut désormais l’aménager, et nous espérons pouvoir ouvrir nos portes en septembre prochain. Les locaux sont fournis par la mairie de Paris mais l’animation, le financement, serait constituée par des dons et du mécénat réuni par la Fondation des femmes dont c’est la spécialité. La Fondation des femmes a pour objet de lever des fonds qu’elle redistribue à des associations. Elle est donc la mieux placée pour l’administrer. La Fondation a tout juste 3 ans mais déjà beaucoup de succès : elle a levé 500 000 euros en 2018.

LPA

D’où vient cette idée de cité des femmes ?

S. P.-B.

Cela remonte à plusieurs années ! C’est l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui en avait parlé le premier. Finalement, Anne Hidalgo a repris l’idée et l’avait annoncée officiellement en fin d’année dernière. Là, c’est une priorité de la maire de Paris et ça devrait se concrétiser assez vite. C’est une question de semaines.

LPA

Pourquoi une telle cité est-elle nécessaire ?

S. P.-B.

Il faut un lieu où tout soit rassemblé, un lieu qui soit très central pour tout le monde. Cela nous permettra d’attirer des interlocuteurs prestigieux pour pouvoir discuter dans des colloques et des réunions, et d’organiser, sur l’histoire du combat féminin, des expositions qui aient du succès. Ce lieu répond également à un besoin du monde associatif, qui manque de lieux où se poser. Les loyers à Paris étant très chers, elles sont très dispersées, situées dans des quartiers périphériques et dans des locaux souvent vétustes. Certaines trouveront un abri provisoire ou permanent dans cette maison. Avoir un lieu qui leur soit en grande partie dédié les aidera. Elles pourront en plus s’entraider, se rassembler, mettre en commun et être ainsi plus performantes. Toutes ces activités réunies dans un seul lieu, c’est logique, ça a un impact, c’est fort, cela fait rayonner. C’est digne de Paris.