Avocats : les « braillards » se révoltent sur les réseaux sociaux
Les avocats actuellement n’ont pas la cote. Depuis leur ministre qui les traite de braillards jusqu’au secrétaire d’Etat à l’enfance qui les accuse de semer la zizanie dans les familles, on les affuble de toutes les tares. Au risque d’oublier que sans eux, la machine judiciaire s’effondre.
« Bats ton avocat tous les matins, si tu ne sais pas pourquoi lui il le sait ». Telle semble être la nouvelle devise du gouvernement.
Sur les réseaux sociaux, la colère monte.
Il faut dire que la liste des motifs qu’ont les avocats de se plaindre s’allonge dangereusement ces temps-ci :
*assignation avec prise de date transformant la procédure civile en « escape game »,
*réformes multiples impossibles à assimiler dans le temps imparti,
*secret professionnel attaqué,
*projet de confier la discipline de la profession à des magistrats,
*tensions croissantes avec les magistrats attisées par le gouvernement,
…..Autant de contrariétés et d’humiliations que Me Georges Teboul a résumées en une formule dans nos colonnes : « Sale temps pour les avocats ».
A cela s’ajoutent depuis quelques jours une série de petites phrases qui passent très mal.
Le 24 septembre, la profession découvre au détour d’un article de Capital sur le recouvrement des pensions alimentaires qu’elle ferait son beurre sur les difficultés rencontrées par les justiciables à obtenir le versement régulier de ces pensions.
Le magazine économique rapporte en effet les confidences des collaborateurs du ministre de la santé Olivier Véran : “Actuellement, c’est très difficile d’avoir la bonne information sur ce service. Les avocats dans les jugements n’ont pas intérêt à trop parler de ce dispositif car cela leur fait du business en moins en cas de contentieux”, explique le cabinet du ministre ».
La profession apprécie assez peu.
Le Barreau de Meaux dénonce le procès d'intention à l'encontre des avocats qui ne font pas de "business" avec les procédures de recouvrement de pension (pour lesquelles ils interviennent bien souvent au titre de l'aide juridictionnelle ) ! C'est honteuxhttps://t.co/XNJkCiaT4N
— Barreau de Meaux (@Barreau2Meaux) September 25, 2021
Le 29 septembre, ils découvrent que leur ministre et ancien confrère Eric Dupond-Moretti affuble de l’aimable qualificatif de « braillards » ceux qui s’opposent la réforme des cours d’assises.
Quand Eric Dupond-Moretti change d'avis sur un sujet, ce n'est pas à moitié (ici, sur les cours criminelles départementales) pic.twitter.com/ACcB2KPlBs
— Pierre Januel (@PJanuel) September 29, 2021
Le pénaliste Frank Berton réagit vertement.
En effet, “les braillards “essaient eux de rester dignes et fidèles à leurs idéaux et convictions … https://t.co/i8Ar9zztTE
— Frank Berton (@frankberton3) September 29, 2021
Toujours le 29 septembre, les avocats sont accusés de semer la zizanie dans les familles par Adrien Taquet, secrétaire d’Etat en charge de l’enfance et des familles.
En audition au Sénat, le Ministre de l'Enfance s'est encore opposé à l'assistance systématique des enfants placés par un avocat.
Selon lui, « les avocats conflictualisent la relation entre les enfants et les parents ».
C'est sidérant. pic.twitter.com/I0HyRhgLdF
— Lyes Louffok (@LyesLouffok) September 29, 2021
C’est beaucoup pour une profession qui porte le système judiciaire à bout de bras et travaille par ailleurs le plus souvent à perte au titre de l’aide juridictionnelle pour que les plus démunis aient accès eux aussi à la justice.
Après nous avoir traités de :
– Charognards du recouvrement des pensions alimentaires,
– Fouteurs de merde dans les relations parents-enfants,
– Complices des fraudeurs,
Quelle sera la trouvaille du jour du Gouvernement ?@JeanCASTEX @E_DupondM @CNBarreaux— Emmanuel LE MIERE (@emlemcout) September 30, 2021
Le tout, par des responsables politiques. Alors je m’interroge : jusqu’à quand allons-nous continuer à nous faire injurier de la sorte ? Avec toutes les cotisations qu’on paye, la moindre des choses serait de nous considérer avec respect. Ça commence à bien faire !
— Julia Courvoisier (@JuCourvoisier) September 29, 2021
Il n’en faudrait pas beaucoup pour que la colère qui gronde depuis la réforme des retraites explose à nouveau.
Référence : AJU245067