Les Rencontres agricoles du Grand Paris : le défi de l’agriculture urbaine

La Métropole du Grand Paris et le collectif d’Enlarge Your Paris organisent les Rencontres agricoles du Grand Paris jusqu’en juillet 2019. Pendant une année, des conférences, événements, balades et ateliers, ouverts à tous, seront proposés pour rencontrer les acteurs de l’agriculture urbaine et réfléchir à la ville de demain.

À Paris, les initiatives et projets pour développer des jardins ou potagers se multiplient. Ce qui est nommé agriculture urbaine connaît un regain d’intérêt dans la capitale. Afin de répondre aux attentes des habitants qui souhaitent une ville plus durable et une consommation plus responsable, la Métropole du Grand Paris a décidé de se positionner sur ce nouvel enjeu. Avec Enlarge Your Paris, un collectif de journalistes, ils créent les Rencontres agricoles du Grand Paris de septembre 2018 à juillet 2019. Chaque mois, des conférences permettront de découvrir les différentes dimensions de l’agriculture urbaine et des ateliers pédagogiques seront proposés pour connaître le métier de ces acteurs du monde agricole.

 

Depuis 1939, les communes parisiennes ont perdu leur côté rural. Pour Maxime Zucca, chargé de mission à l’Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France, « il est nécessaire de remettre l’agriculture au cœur du développement urbain et de laisser plus de place au végétal. Il s’agit ainsi de répondre à l’augmentation croissante de la demande en produits locaux ». En effet, l’intérêt de l’agriculture urbaine est qu’elle est multifonctionnelle. D’abord, elle permettrait aux Franciliens de se réapproprier leur alimentation et de réduire les transports des denrées. De plus, elle aurait aussi une fonction pédagogique et créatrice de lien social. « Concernant l’agriculture en Ile-de-France, de nouveaux projets émergent et les demandes touchent de plus en plus à  l’agriculture urbaine », affirme Christophe Robin des Jeunes agriculteurs.

 

Diverses formes de productions urbaines existent telles que les fermes périurbaines, les jardins associatifs (plus de 1 000 sites dans la métropole), les micro-fermes urbaines, les indoor farmings, les serres urbaines et même les élevages urbains. Cependant, des questions restent encore sans réponse. Que pouvons-nous faire par rapport à la pollution de l’air et du sol ? Pouvons-nous réellement cultiver hors sol ? Les projets sont-ils viables économiquement ? Selon Christine Aubry, chercheuse à l’INRA, ce sont la pollution des sols et la difficulté d’accès au foncier en Ile-de-France qui sont les plus gros freins à l’agriculture urbaine. « Aujourd’hui, il y a beaucoup d’attraits pour les micro-fermes urbaines, mais ce sont des projets fragiles et difficiles financièrement », ajoute-t-elle. 

 

Réfléchir à la ville de demain

 

Durant ces rencontres, des élus, experts, scientifiques, historiens et acteurs du monde agricole (habitants, associations, syndicats, entrepreneurs…) contribueront ainsi à la réflexion et permettront de mettre en lumière des projets déjà existants. Au programme des conférences, il y aura la question de la ville agricole, des animaux d’élevage en ville, des sols urbains, etc. Le 10 octobre dernier, la première conférence « Le Grand Paris, une Métropole agricole ? », donnée sur le campus d’AgroParisTech, a attiré plus de 200 participants. Des ateliers pédagogiques étaient ouverts à tous et organisés dans plusieurs endroits de la Métropole pour découvrir des modèles d’agriculture sur des toits maraîchers, dans des friches urbaines, jardins publics, partagés ou associatifs, etc.

 

L’idée est de mettre en avant les pratiques enrichissantes, pour une ville résiliente. Par exemple, une cérémonie de remise des prix pour le concours des miels du territoire aura lieu le 28 novembre prochain. En partenariat avec les Bergers urbains, la première transhumance de moutons a eu lieu le 16 septembre dernier dans le Grand Paris. Une deuxième transhumance clôturera l’événement des rencontres, fin juillet 2019. Elle fera le tour de quelques lieux emblématiques agricoles dans toute la Métropole, sur plusieurs jours. Au mois d’avril, la tonte des moutons du troupeau sera également accessible au public au parc Valbon à La Courneuve (93).

 

Les enjeux pour la métropole

 

Pour la Métropole du Grand Paris, l’agriculture urbaine est au cœur de la réflexion des élus, il existe plusieurs enjeux, qu’ils soient alimentaires, éducatifs et environnementaux. De plus, la demande de la part des habitants augmente. « Nous souhaitions développer les circuits courts, favoriser la biodiversité ou encore valoriser les déchets organiques. Notre objectif est de développer 3 000 hectares d’agriculture dans la Métropole », explique Patrick Ollier, président de la MGP. Pour Daniel Breuiller, vice-président de la MGP délégué à la mise en valeur du patrimoine naturel et paysager et à l’agriculture en ville, l’objectif est de sanctuariser les terres agricoles et de reconnecter les urbains à l’agriculture : « Notre volonté est d’arriver à 5 % d’autosuffisance alimentaire en métropole ! », précise-t-il. Pour cela, de plus en plus de projets d’aménagement et de renouvellement urbains devront inclure l’agriculture urbaine dans leurs propositions.