Avec « les clés pour entreprendre », le Medef veut développer un réseau de bienvenue aux entreprises
Le Medef a lancé le 1er juin dernier une journée intitulée : « Les clés pour entreprendre », en partenariat avec Les Chantiers de l’Entreprenalisme et la Confédération nationale des juniors entreprises. Plus de cinquante intervenants, répartis dans sept villes — Lille, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes et Rennes — ont été sélectionnées pour porter la bonne parole entrepreneuriale et donner conseils et informations pratiques à ceux, de plus en plus nombreux, qui voudraient se lancer dans la création d’entreprise. Quinze jours avant l’événement, les co-organisateurs de l’événement, Pierre Gattaz, président du Medef, Thibault Lanxade, vice-président, Léonidas Kalogeropoulos, lobbyiste et militant pour la diffusion de l’esprit d’entreprise, et Samuel Tamba, vice-président de la Confédération nationale des Juniors-Entreprises, avaient réuni la presse pour présenter ce nouveau rendez-vous destiné à promouvoir l’entrepreneuriat.
Diffuser l’esprit d’entreprise, tel est le nouveau mot d’ordre du Medef. Pour cela, le syndicat du patronat vient de lancer « les clés pour entreprendre », une journée pour aider les créateurs d’entreprises à trouver les ressources pour mener à bien leur projet. Pierre Gattaz, le premier à prendre la parole devant les journalistes convoqués dans une grande salle, dont l’immense baie vitrée donne sur la Tour Eiffel, commence par resituer l’événement dans un contexte qu’il estime favorable à l’entreprise. Son premier mot est pour saluer l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée « La France est à un tournant de son histoire », commente le président du Medef. « Une nouvelle équipe se met en place. C’est un renouveau qu’il faut accompagner avec une neutralité bienveillante, en étant ni dans le refus systématique, ni dans le béni-oui-oui systématique ». Si l’élection présidentielle marque un « tournant », Pierre Gattaz voit surtout un renouveau dans l’évolution des mentalités. « Il y a vingt ans, les jeunes voulaient être fonctionnaires. Aujourd’hui, ils veulent être entrepreneurs. C’est un phénomène de société que nous devons accompagner ». Pour cela, le mouvement des entreprises de France entend « passer à l’action » et « rentrer dans le concret », insiste son président.
Le lancement de l’événement « les clés pour entreprendre » s’inscrit dans la continuité de l’action du Medef. Thibault Lanxade, vice-président du syndicat, en charge des TPE-PME, rappelle que la priorité du syndicat est de « travailler sur l’audace créatrice, l’amont, l’envie d’entreprendre ». Le syndicat ne se contente pas d’interpeller les pouvoirs politiques pour les sensibiliser aux besoins des entreprises. Il cherche aussi à insuffler la dynamique entrepreneuriale dans la société, par différents biais. Comme Pierre Gattaz avant lui, Thibault Lanxade met fièrement en avant l’association Les Déterminés, montée avec l’entrepreneur de Cergy-Pontoise, Moussa Camara — « un jeune homme à l’énergie incroyable » — , pour promouvoir l’entrepreneuriat dans les quartiers populaires. L’association, qui vient d’accueillir sa cinquième promotion d’aspirants à la création d’entreprise, devrait prochainement intervenir dans les DOM-TOM et dans certaines villes de province. Le vice-président évoque également la semaine école-entreprise, organisée depuis quinze ans pour sensibiliser les élèves aux réalités de l’entreprise. L’ événement « les clés pour entreprendre » s’adresse, lui, à ceux qui ont « l’idée » d’entreprendre mais ne savent pas bien comment s’y prendre. L’objectif de la journée est de leur faire connaître les réseaux et les partenaires sur lesquels ils peuvent s’appuyer, et ainsi favoriser le passage de l’idée à la réalisation. « Il faut que les réseaux d’accompagnement soient mieux identifiés. L’arrimage à un réseau d’accompagnement est une clé », insiste le vice-président.
La philosophie du Medef rappelée, il revient à Léonidas Kalogeropoulos, président du cabinet de lobbying Médiation et Arguments, et auteur d’un manifeste sur l’Entreprenalisme remis à Pierre Gattaz, en juillet 2016, de rentrer dans les détails de l’organisation de ce nouveau rendez-vous. L’entrepreneur est un fervent défenseur de l’esprit d’entreprise — il milite pour l’inscription de la liberté d’entreprendre dans la constitution française —, convaincu que le développement de l’entreprise peut sortir la France du chômage de masse. « Si on double le nombre d’entreprises, on renouera avec le plein emploi », pose-t-il en préambule. Pour favoriser cette dynamique, la journée du 1er juin a pour vocation, explique-t-il, de mettre en relation les différents partenaires. « Dans chaque ville, il y a des partenaires et des initiatives pour stimuler l’entreprise. Mais ils ne sont pas toujours bien identifiés », constate-t-il. La journée du 1er juin a avant tout été créée pour aider les aspirants chefs d’entreprises à se repérer dans ce « maquis ». Parmi les partenaires à connaître, Léonidas Kalogeropoulos cite les Medef territoriaux, les réseaux de la chambre de commerce et d’industrie, mais aussi Pôle emploi, « très actif pour identifier les profils d’entreprenants, qui ont le potentiel et l’envie d’entreprendre ». Ce réseau, précise-t-il, varie dans chaque ville.
Pour cette raison, l’événement a été conçu en relation avec des « juniors entreprises », qui ont servi de relais locaux. Les juniors entreprises sont des associations implantées au sein d’établissements d’enseignements supérieur, et fonctionnant sur le modèle de cabinets de conseil. Elles fédèrent 20 000 étudiants, auxquels elles permettent de mettre en pratique leur enseignement théorique. Les représentants des juniors entreprises des 7 villes où s’est tenu l’événements avaient fait le déplacement pour cette journée de communication sur le projet. « Ils ont fait un travail de fourmi pour identifier les réseaux. Ces juniors entrepreneurs sont des gens formidables, un vrai antidote à la déprime », a salué Léonidas Kalogeropoulos. « Ils sont le réseau sanguin de notre initiative et vont être le cœur battant de cette dynamique dans chaque ville ».
Pendant toute la durée de la réunion, ces juniors entrepreneurs seront restés sages et silencieux, attentifs au discours de leurs aînés. Jeunes, d’origines diverses, ils portent tous le même uniforme, costume sombre et cravate identique. Invité à prendre la parole, leur représentant, Samuel Tamba, vice président de la Confédération nationale des Junior-Entreprises, estime que « ces événements sont un message important pour permettre d’appréhender les rouages de la création d’entreprise ». « Il y a des spécificités sur chacune des villes », précise-t-il. Chacune a son avantage comparatif. Les entreprises se nourrissent des ressources qu’elles ont sur leur territoire ».
Samuel Tamba et Léonidas Kalogeroupoulos insistent : l’entreprise est accessible à tous. Il n’y a, selon eux, ni âge, ni profil-type pour entreprendre. Tous deux ont en revanche une haute idée de l’esprit d’entreprise. Pour Samuel Tamba, ceux qui sont prêts à « sauter le pas » sont les nouveaux grands explorateurs. « L’idée de cette journée est de donner les moyens à ceux qui le veulent de devenir des Christophe Colomb. Car créer une entreprise, c’est aller vers l’inconnu et défricher des terres nouvelles. Le numérique, la transition énergétique sont les eldorados d’aujourd’hui », assure-t-il sans sourciller. Léonidas Kalogeroupoulos compare, lui, la diffusion de l’esprit d’entreprise à la révolution des Lumières. « Trois siècles de notre histoire s’est faite autour de l’accès à la connaissance impulsée par les Lumières. Nous pensons que l’accès à l’entreprise est une révolution de même ampleur », répète-t-il à plusieurs reprises.
Le 1er juin aura été une journée-test. Les organisateurs espèrent d’ores et déjà en faire un rendez-vous régulier. « Nous voulons que chaque personne qui a une idée mais qui ne sait pas par quel bout la prendre ait le réflexe d’aller sur le site “les clés pour entreprendre” pour savoir quel jour se tiendra la prochaine session », explique Léonidas Kalogeropoulos.