Les entreprises appelées à voter pour les représentants de CCI

Publié le 26/10/2016

Les élections consulaires permettant d’élire les représentants à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) se déroulent du 20 octobre au mercredi 2 novembre. Les chefs d’entreprises et cadres dirigeants de l’Ile-de-France sont appelés aux urnes pour une élection dont l’importance est trop souvent sous-estimée. Étienne Guyot, directeur général de la CCI Paris-Ile-de-France, revient pour les Petites Affiches sur l’importance que revêtent ces élections pour les entreprises et le tissu économique de la région.

Chefs d’entreprises de PME, de micro-entreprises ou de grands groupes, cadres dirigeants ou commerçants, ils sont tous appelés entre le jeudi 20 octobre et le mercredi 2 novembre à exprimer leur voix lors des élections consulaires. En jeu, l’élection des 296 représentants qui siégeront dans les chambres de commerce et d’industrie (CCI) de la région Ile-de-France pour les cinq prochaines années. Parmi ces élus, 92 siégeront à la chambre régionale lors des deux réunions mensuelles, ils sont répartis en fonction du poids économique de chaque département, les autres élus siègeront dans les huit chambres départementales.

On notera une nouveauté de taille cette année, l’apparition d’un mécanisme paritaire qui nécessite la création d’un ticket comportant un titulaire et un suppléant de sexe différent à chaque tête de liste. Le scrutin est de type plurinominal majoritaire à un tour, concrètement, cela signifie que l’on vote pour une liste comportant plusieurs personnes, les candidats ayant obtenu le plus de voix au terme du premier tour étant élus.

La participation reste un enjeu-clé pour ce scrutin, car à l’instar des élections salariales, celle-ci reste très faible pour les élections des réseaux consulaires : aux alentours de 8 % pour les élections de 2010 en Ile-de-France. Afin d’assurer une meilleure légitimité à ces acteurs indispensables au bon fonctionnement du tissu économique local, les dirigeants de la CCIR aimeraient bien améliorer ce score cette année… Étienne Guyot, directeur général de la CCI Paris-Ile-de-France, nous explique l’enjeu de ce scrutin.

LPA – Pourquoi les élections des représentants sont-elles si importantes ?

Étienne Guyot – L’enjeu est de choisir la représentation des entreprises du commerce, de l’industrie et des services et de défendre leurs intérêts en participant à l’action des CCI, qui sont des établissements publics de l’État. Ces élections permettent de désigner les membres des CCI départementales et territoriales et de la chambre de région (CCIR), élus pour cinq années. En Ile-de-France, 480 000 chefs d’entreprises, commerçants et cadres dirigeants sont concernés. Concrètement, c’est le responsable légal de l’entreprise ou toute personne qu’il a désignée qui vote. Le nombre de personnes votant par entreprise augmente également en fonction du nombre de salariés de l’entreprise.

LPA – Une fois élus, quelle sera la mission des représentants ?

É. G. – Les CCI sont des organismes publics, pilotés par des chefs d’entreprises, élus par leurs pairs : c’est un système mixte original qui relève de la démocratie représentative économique. Le rôle premier des membres élus est d’assurer la représentation des entreprises, d’en être les ambassadeurs et les relais d’information, notamment auprès des pouvoirs publics. Les élus apportent un éclairage sur les besoins et les difficultés des entreprises au plan général et au sein de leur territoire.

Mais ce sont aussi des acteurs qui, en assemblée générale, prennent des décisions dans les domaines de compétence comme les services aux entreprises, la formation, l’apprentissage, les études économiques… Ils relaient enfin les prises de position de la chambre sur le terrain et animent la vie économique départementale et régionale en jouant un rôle de conseil auprès des entreprises et des pouvoirs publics. Ils sont les porte-parole des entreprises dans les nombreux organismes où les CCI sont présentes (environ 1 000 en Ile-de-France).

LPA – Quel est le rôle des CCI dans la région Paris Ile-de-France ?

É. G. – Les CCI exercent des missions d’accompagnement individuel et collectif des entreprises en Ile-de-France et à l’étranger : le service aux entreprises, c’est l’ADN des chambres départementales et territoriales, sur le terrain. Mais elles occupent aussi une place essentielle dans le secteur de l’enseignement, c’est la première mission au plan quantitatif puisque la Chambre de Paris Ile-de-France, avec ses 24 écoles, forme 60 000 personnes par an, 30 000 étudiants, dont 15 000 apprentis et 30 000 personnes en formation continue, notamment pour les salariés des entreprises. La Chambre est ainsi le deuxième acteur en matière d’enseignement supérieur après l’État. Autre mission également importante : la loi confie à la CCIR le soin de donner un avis sur les principaux projets de loi, de décrets, de directives et de traités qui concernent l’entreprise, le développement économique et les thèmes majeurs de la vie des affaires. Les élus de la Chambre travaillent donc dans différentes commissions thématiques (ex. : commerce, fiscalité…). Les prises de position adoptées par l’assemblée générale de la CCIR sont ensuite diffusées aux autorités nationales, régionales, voire européennes. La Chambre exerce ainsi une activité de lobbying dans l’intérêt des entreprises. J’ajouterai une dernière mission particulière à notre région. Depuis le début du XXe siècle, la Chambre s’est investie dans le domaine des congrès et salons. Au moyen de filiales qui gèrent les dix espaces de congrès et salons (Parcs des Expositions Villepinte, Porte de Versailles, Palais des Congrès Porte Maillot…), ou qui organisent des salons (Foire de Paris, Salon de l’agriculture…), la Chambre joue un rôle déterminant dans le développement de la place de Paris et d’une filière d’activité qui représente près de 90 000 emplois et plus de 5 M€ de retombées économiques par an.

LPA – De quelle manière les CCI accompagnent-elles les entreprises ?

É. G. – Les CCI rendent une série de services qui, pour certains, relèvent du service public : enregistrement des contrats d’apprentissage, formalités diverses… Ensuite, il existe plusieurs formes d’accompagnement auprès des entreprises. Un accompagnement collectif d’abord, lorsqu’une entreprise a recours à sa chambre, elle entre dans un réseau de plusieurs centaines de milliers d’entreprises. Une PME peut bénéficier d’une mise en relation et d’un coaching au sein de réseaux comme les PLATO, qui regroupent, sur les territoires, grandes entreprises et PME et qui facilitent les relations, la croissance de l’entreprise grâce à l’échange de bonnes pratiques. Elle rencontre les maîtres d’ouvrages, les grands groupes, les ETI et d’autres PME grâce à la plate-forme des investissements du Grand Paris. Elle peut enfin bénéficier de services individualisés en matière de création, de transmission, de transformation, de formation, de prestations sur des sujets variés comme les ressources humaines, la transition énergétique… Enfin, la CCIR est implantée dans près de 80 pays dans le monde. Elle prépare les entreprises franciliennes à s’implanter à l’étranger ou à exporter. Elle les accompagne individuellement dans la durée.

LPA – Comment s’articulent les prises de décisions entre la chambre régionale et les chambres départementales et territoriales ?

É. G. – Les chambres départementales et territoriales agissent sur le terrain, au plus près des entreprises et des acteurs économiques. Elles animent la vie locale et sont les interlocutrices directes des pouvoirs publics locaux. La CCI de la région Paris Ile-de-France, quant à elle, définit une stratégie dans le cadre de ses missions, elle répartit les ressources et intervient comme employeur unique des agents de toutes les chambres départementales et territoriales. Son assemblée régionale, où siègent les 92 élus issus des huit départements, vote notamment le budget régional. Elle approuve les grandes orientations et les partenariats stratégiques, les schémas directeurs de développement et les prises de position. Elle est l’interlocuteur des acteurs publics régionaux et nationaux avec lesquels elle peut conventionner.

LPA – Avez-vous un message à faire passer aux entreprises qui sont appelées à voter lors de ces élections ?

É. G. – Des chefs d’entreprises choisissent de défendre les intérêts des entreprises en se présentant aux élections. Ils se mobilisent de façon tout à fait bénévole, car les membres des CCI ne touchent pas d’indemnités. Ils se mobilisent pour le commerce, l’industrie et les services, pour leur territoire. Ils agissent dans l’intérêt de son développement économique. Voter permet de prendre part à la détermination de la politique de la Chambre, à la mise en œuvre concrète de compétences multiples et variées. Voter permet de peser sur les orientations et décisions des pouvoirs publics pour défendre les intérêts des entreprises qui créent de l’activité, de la valeur ajoutée et de l’emploi.

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