Immobilier : le marché en Île-de-France vacille mais résiste
Un quatrième trimestre « historique », une baisse des ventes de 12 % sur un an et des prix qui fléchissent : le marché de l’immobilier ressort abasourdi d’une année de crise sanitaire. Les notaires du Grand Paris ne s’inquiètent pas outre mesure, les « facteurs de résistance demeurent » selon eux.
Le Covid 19 a-t-il rendu le marché immobilier francilien friable ? Lui qui semblait imperméable, jusqu’à présent, à la réalité économique, rentrerait-il dans le rang ? Les données publiées le 25 janvier dernier par les notaires du Grand Paris montrent de réels signes de faiblesse de « la pierre », même si celle-ci reste, encore et pour longtemps, une valeur sûre dans un contexte économique pour le moins instable.
47 000 ventes au 4e trimestre
Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder les chiffres du 4e trimestre 2020. Dans l’ensemble de la région, après 9 mois mouvementés et tournés à la baisse, les ventes – appartements et maisons confondus –, ont bondi de 4 % par rapport à l’an dernier sur la même période, pour s’établir à presque 47 000 ventes. « Un record historique en termes d’activité pour un 4e trimestre », précisent les notaires du Grand Paris. « Normalement l’année immobilière se fait au printemps », rappelle Thierry Delesalle, président de la commission des statistiques immobilières et notaire à Paris, « mais le confinement a tout décalé et les ventes se sont davantage faites en fin d’année ». Les prix ont suivi la même tendance, puisqu’ils étaient en hausse, sur un an, de 6,4 % au dernier trimestre 2020, confirmant leur bonne tenue tout au long de l’année aussi bien pour le marché des appartements que celui des maisons. La palme de la plus forte progression revient aux maisons en petite couronne, dont le prix a augmenté de 9 % au 4e trimestre l’an dernier.
Mais ces bons chiffres de fin d’année ne sauraient masquer à eux seuls une nouvelle tendance générale et annuelle. À commencer par la chute, inédite depuis 10 ans, du volume des ventes sur l’ensemble de la région. En 2020, un peu plus de 159 000 transactions immobilières ont été réalisées en Île-de-France, dont les deux tiers pour des appartements. Soit 31 000 de moins qu’en 2019, « une année référence et exceptionnelle » aiment à nuancer les notaires du Grand Paris. Mais davantage que le nombre de ventes, logiquement impactés par les périodes de confinement, ce sont les prévisions sur la baisse des prix pour les premiers mois de l’année 2021 qui attirent l’attention des acteurs du marché.
D’après les estimations des notaires métropolitains, basées sur les signatures des avant-contrats, seul le prix des maisons en grande couronne devrait croître (+ 0,3%) d’ici fin avril prochain. Le reste du secteur serait lui tourné à la baisse. Et notamment le plus emblématique d’entre eux : le marché parisien. Déjà en recul au 4e trimestre 2020 (- 0,2 %), le prix du mètre carré continuera de fléchir (- 0,4 %) au 1er trimestre 2021, pour s’établir à 10 610 € le mètre carré. « Ce coup de frein sur les prix à Paris était attendu par les confrères, et bienvenue même. Cela faisait plusieurs années qu’on vendait des biens au-dessus de leurs valeurs tant il y avait de la demande », explique Thierry Delesalle. Faut-il y déceler dès lors un basculement du marché parisien ? C’est aller trop vite en besogne d’après le notaire parisien qui juge les prix « très résistants à Paris, ils ne vont pas s’écrouler, loin de là. On continue de vendre sans négociations pour faire baisser le prix », ajoute-t-il.
Un marché structurellement identique
Sur le fond, si les notaires du Grand Paris notent que la crise du Covid 19 a « fait émerger de nouvelles aspirations et porte en elle un potentiel de transformations profondes des modes de vie et un besoin de vivre et d’habiter autrement », les fondements du marché immobilier francilien restent inchangés. Le « désir d’achat », notamment, est toujours aussi puissant, et se traduit par une demande bien supérieure à l’offre. Les taux d’intérêts, attractifs, offrent quant à eux de nouvelles possibilités à des acquéreurs exclus jusqu’à présent de l’accès à la propriété. Enfin, les doutes, quant aux conséquences de la crise, pèseront certes sur le marché 2021 de l’immobilier, mais les professionnels du secteur notent « des facteurs de résistance ». À commencer par la dynamique engendrée par le Grand Paris et le réseau du Grand Paris Express, ou les Jeux olympiques 2024. Pour les notaires du Grand Paris, « Le logement continue de rassurer les ménages et de les sécuriser. Il importe donc de garder dans ce secteur d’activité la fluidité dont il a besoin, en maintenant le niveau de construction, une fiscalité juste et raisonnable pour encourager le développement du parc et la rotation des biens et des terrains ».