Claude Monet à la Fondation Beyeler

Publié le 16/02/2017

Claude Monet, En Norvégienne, 1887, h/t, 97,5 x 130,5 cm, Musée d’Orsay, Paris, legs de la Princesse Edmond de Polignac, 1947.

RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

La Fondation Beyeler, en Suisse, est fort connue ; la qualité des expositions qu’elle présente a établi sa réputation. Elle fête cette année ses 20 ans avec une sélection d’œuvres de Claude Monet (1840-1926) réalisées depuis 1880 jusqu’aux Nymphéas.

Pourquoi une nouvelle exposition de cet artiste si apprécié, sans cesse célébré en France et dans le monde ? Il a été judicieusement choisi par la Fondation en souvenir de son créateur, Ernst Beyeler, fort attaché, comme le peintre, à la nature.

Le parcours réunit 62 toiles issues des plus grands musées d’Europe, des États-Unis, du Japon parmi lesquelles 15 œuvres provenant de collections particulières rarement présentées. La période retenue est la plus intéressante dans la démarche artistique de l’artiste : depuis l’impressionnisme qu’il maîtrise et où il est à la conquête de la lumière, à ses nouvelles recherches pour arriver à la synthèse des Nymphéas.

Si Claude Monet est le peintre de la lumière, il est aussi celui de l’ombre ; il crée entre eux un dialogue permanent. Il aime la campagne, la mer, tout autant que les cathédrales ou les ponts. Dans les compositions de la fin des années 1880, ce n’est guère le motif qui l’intéresse mais le jeu de la lumière fondue dans la couleur. Parmi ses thèmes de prédilection figure la Seine, au bord de laquelle il vit à Vétheuil. Il en livre sa vision, notamment lors du dégel, un sujet qu’il travaille en série. C’est ainsi Coucher de soleil sur la Seine au rouge étincelant du soleil projeté sur l’eau. Bien différente, La Débâcle, avec ses glaçons flottant sur l’eau, est réalisée en un camaïeu de bleus qui crée une sensation de froid. Monet saisit des instants.

L’eau toujours, mais bordée de peupliers à la haute et élégante silhouette qui se profilent sur elle en une palette délicate de bleu et de vert ou bien des saules au tronc noueux, puissants dont les ombres structurent le tableau ; la mer, bordée de falaises reflétées sur l’eau bleu tendre ou qui se noient dans la brume, constituent pour Monet un thème inépuisable. Il oppose la force de la roche à une mer fluide ; personne mieux que lui n’a révélé la présence des falaises d’Étretat se dressant, dorées, dans la mer. En Bretagne, il oppose là encore la puissance minérale à la mer dans Rochers à Belle-Île.

Puis Monet revient vers la Seine avec une composition réaliste et poétique, En Norvégienne, trois sœurs en barque dont les robes blanches esquissées éclairent de leur reflet une eau sombre. Il s’approche aussi parfois d’une certaine abstraction avec Près de Vernon, île aux Orties, aux tons fondus, poétique. Certaines œuvres rappellent Turner, comme Matinée sur la Seine.

À Londres, il peint volontiers les ponts, il les exécute dans la brume qui délite quelque peu les contours sous un soleil masqué par les nuages. Superbe Le Parlement, coucher de soleil où les rayons d’un soleil rouge dansent sur la Tamise.

Avec les Nymphéas, œuvres ultimes, il semble vouloir saisir les secrets de la nature. Ces fleurs mystérieuses flottent sur l’eau, la décorent, comme un hymne à la création. Les différentes facettes de l’art de Claude Monet sont ici fort bien représentées.

 

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