Le Val-de-Marne continue de promouvoir l’entrepreneuriat au féminin

Publié le 12/05/2017

En fêtant son premier anniversaire, le programme « ExcELLEnce », lancé par la CCI Val-de-Marne, continue de mettre à l’honneur les femmes entrepreneures. Avec toujours la volonté d’encourager les femmes à franchir le pas de l’entrepreneuriat en leur proposant un accompagnement personnalisé.

En septembre 2015, la CCI du Val-de-Marne (94) lançait un appel à candidatures pour le programme « ExcELLEnce », un projet destiné à développer l’entrepreneuriat féminin dans le département. Quelques mois plus tard, c’est une vingtaine de lauréates réparties dans 7 secteurs d’activité qui ont franchi le pas en créant leur propre activité ou entreprise. La CCI joue un rôle de tuteur pour accompagner les jeunes femmes tout au long de leur parcours de création, de l’évaluation du projet au démarrage de l’activité. Un programme taillé sur mesure qui répond aux problèmes que rencontrent les femmes entrepreneures. Tatiana Bizard, dirigeante de la société Natidiv confirme « lorsqu’on est porteur de projets on se sent parfois seule, ExcELLEnce m’a apporté un vrai soutien moral ».

ExcELLEnce s’étale sur une période de 18 mois où les participantes reçoivent des formations, profitent de l’intégration dans des réseaux et d’un appui au financement de leurs projets. Mais aussi d’un coaching par un ou une chef d’entreprise expérimenté, une partie du programme particulièrement apprécié par les lauréates : « notre parrain est là pour nous accompagner, nous écouter et nous conseiller. Cela permet d’avoir une vision extérieure qui est très utile », confie Magda Aissa, créatrice de Cocon d’amour. Pour Yana Yakushenko dirigeante d’Excursions Privées, l’initiative permet de répondre aux problèmes spécifiques que l’on rencontre en tant qu’entrepreneure : « cela m’a permis de comprendre que je n’étais pas seule sur certaines thématiques. Et cela permet de toujours avoir des personnes qui sont derrière nous pour nous soutenir ». Cofinancé par le Fonds social européen, le programme « ExcELLEnce » a également vocation à créer des réseaux de networking pour les femmes dirigeantes de jeunes entreprises localisées dans le Val-de-Marne. La CCI a donc signé des conventions de partenariat pour le programme avec trois réseaux Action’elles, Femmes du Numérique et Professional Women’s Network Paris. Rencontre avec Mathilde Beaudet, chargée de mission Entrepreneuriat féminin à la CCI du Val-de-Marne.

LPA – Comment est né le programme ExcELLEnce ?

Mathilde Beaudet – Dans ses missions « traditionnelles », la chambre de commerce accueille près de 14 000 visiteurs par an et le service création d’entreprises accompagne entre 2 500 et 3 000 projets de création d’entreprise chaque année. Les problématiques sont variées : recherche de financement, formation à la gestion d’entreprise, réalisation du business plan, accompagnement au développement commercial, etc.

Rapidement, nous avons compris qu’un vrai vivier d’opportunités existait dans le Val-de-Marne avec un nombre croissant de femmes qui souhaitent entreprendre. Grâce au soutien de nombreux partenaires et au cofinancement du Fonds social européen, nous avons mis en place un programme dédié à l’entrepreneuriat féminin : ExcELLEnce.

LPA – Le succès a-t-il été immédiat  ?

M. B. – Oui, la première année d’accompagnement s’est bien passée et le programme a suscité un vrai engouement. Nous avons fait un appel à candidatures pour trouver les « lauréates » qui bénéficieraient de ce programme. Au final, c’est une trentaine de candidatures qui ont été soumises à la CCI. Grâce à des comités d’expertise constitués de partenaires et d’experts métier (réseaux bancaires, juristes, avocats), nous avons pu en sélectionner vingt et une. Nous avons encore régulièrement des demandes de femmes entrepreneures intéressées pour intégrer le programme.

LPA – Justement quels sont les profils des candidates qui ont participé ?

M. B. – Il fallait que ces lauréates répondent à certains critères : être porteuses de projet à fort potentiel ou dirigeantes de jeunes entreprises de moins de 3 ans avec un projet de développement, et implantées dans le Val-de-Marne. Nous avons eu des profils très variés, Odile Bonnefoix, par exemple, a mis en place une structure d’accompagnement à la formation aux langues étrangères (Homelike Acquisition), Joséphine Boulinguez qui a créé SimAlti, des centres de simulation d’altitude permettant de respirer de l’air comme si vous étiez entre 2 000 et 5 000 m d’altitude ou encore Alice Marechaux qui a monté une entreprise de conception de constructions en bois écologiques (Univers & Conseils). On a aussi une agence de communication (Wolfox), une marque d’accessoires de puériculture (Cocon d’Amour) et une autre de vêtements de sport pour femmes (Tangerine Sport). Donc des activités très diverses comme vous pouvez le constater !

LPA – Après une année d’existence, quel bilan peut-on dresser du programme ?

M. B. – Nous avons des retours très positifs de l’initiative, les lauréates sont satisfaites. C’est un programme pilote, qui nous a permis d’expérimenter des axes d’accompagnement sur-mesure, de les adapter selon les retours des lauréates : proposer des ateliers thématiques, du parrainage par des chefs d’entreprise bénévoles, animer le réseau via les soirées ExcELLEnce, des newsletters et des rencontres intra-réseau, enfin proposer des expertises par les conseillers CCI.

L’idée-clé du programme ExcELLEnce repose sur l’échange et le dynamisme propre au réseau : s’entraider, avancer ensemble, partager son réseau et les bonnes pratiques. Dans l’ensemble, les projets ont bien avancé, quelques-unes sont restées au stade de jeunes entreprises et toutes n’ont pas eu la même vitesse de développement. Mais aucune n’a à rougir des résultats.

LPA – En 2017, est-il toujours plus difficile pour une femme qu’un homme de se lancer dans un projet entrepreneurial ?

M. B. – Heureusement, la société évolue sur ce point, et les mentalités changent. L’entrepreneuriat féminin est d’ailleurs devenu une priorité gouvernementale en 2013, car il représente un véritable levier de croissance pour l’économie du pays. Malgré tout, les freins exprimés par les femmes restent encore le manque de temps, la conciliation vie personnelle et vie professionnelle, parfois le sentiment d’un manque de confiance en soi, une aversion aux risques plus forte et un investissement financier trop important. C’est pourquoi, l’accompagnement est d’une grande richesse, car il permet aux cheffes d’entreprises de sortir de l’isolement pour les ancrer dans un environnement entrepreneurial stimulant où chacune peut trouver des réponses et s’inspirer des réussites des autres.

LPA – Votre plus grande fierté dans ce programme ?

M. B. – Nous venons de fêter les un an du programme ExcELLEnce, ce qui a été l’occasion de dresser un bilan de l’évolution des entreprises. Nous sommes fières de leurs avancées et réussites, ainsi que des relations de proximité et de confiance que nous avons créées avec les lauréates. Garder un lien permanent avec chacune d’entre elles nous semble essentiel et nous avons à cœur cette exigence. Nous sommes également ravies d’avoir pu fédérer les initiatives et structures déjà existantes autour de ce projet. Nous avons souhaité qu’ExcELLEnce mutualise les actions et optimise la chaîne de valeur dans l’accompagnement des problématiques entrepreneuriales. Nous pouvons ainsi valoriser l’implication des partenaires à travers un programme départemental.

LPA – Que se passe-t-il pour les lauréates à l’issue des 18 mois ?

M. B. – Le programme se termine, ce qui permettra de faire un bilan de leurs avancées. Les lauréates ne sont pas lâchées dans la nature et restent évidemment dans l’écosystème de la CCI, en espérant qu’elles auront de moins en moins besoin de nous.

LPA – Comment voyez-vous le futur d’ExcELLEnce ?

M. B. – En parallèle d’ExcELLEnce, nous avons monté un second programme, nommé Melletingo, qui s’adresse aux femmes qui ont un projet de création, mais n’ont pas encore osé passer au stade de la création. Nous sécurisons leur parcours de création en les accompagnant à se lancer, que ce soit sur la recherche de financement, la gestion d’entreprise, la mise en place du Business plan. Nous avons la volonté et le projet de rebondir sur un nouveau programme en 2018 en voyant plus grand et en allant chercher de nouveaux partenaires, peut-être même en s’ouvrant au-delà de l’échelon départemental.

X