Procès des attentats du 13 novembre : Une justice à la hauteur, c’est donc possible

Publié le 30/06/2022

Le procès des attentats du 13 novembre s’est achevé mercredi 29 juin. Il aura duré 10 mois. De l’avis général, il fut à la hauteur.

Procès des attentats du 13 novembre : Une justice à la hauteur, c'est donc possible
Palais de justice de Paris (Photo : ©AdbeStock/neiezhmakov)

A la hauteur de la gravité des événements, de la souffrance des victimes, de l’importance des peines encourues. Une salle dédiée au cœur du palais de justice de Paris, lui-même au cœur de la ville. Confortable, correctement équipée, sobre mais esthétique. Un encadrement remarquable, depuis la supervision générale orchestrée par un parquetier jusqu’aux psychologues sillonnant les travées et tous les personnels dédiés, en passant par les gendarmes assurant les très lourds contrôles de sécurité. Des magistrats, au siège comme au parquet, absolument impeccables. Des avocats tout aussi impeccables, d’un côté comme de l’autre de la barre, s’employant à maintenir les débats dans la plus parfaite dignité. Des victimes, admirables d’humanité qui ont, au dernier jour, raconté à quel point cette justice, dont parfois elles n’attendaient rien, leur a fait du bien. Une catharsis le procès ? La chose est discutée. Ici elle s’est réalisée. On a même vu des victimes tendre la main aux accusés. Non pas dans une sorte de dépendance psychologique malsaine, mais avec cette force spirituelle qu’un exercice judiciaire bien mené permet de faire jaillir et d’exprimer.

L’observateur habitué des questions judiciaires ne peut s’empêcher de songer que finalement, quand on veut, on peut. Le ministère de la justice n’avait pas le choix, il devait aux victimes la tenue d’un procès exemplaire. Il le devait au pays tout entier aussi, car c’est lui qu’on a frappé. Et puis il le devait au monde, qui l’observait quotidiennement à travers les yeux de centaines de journalistes.

La sagesse populaire a donc raison. Quand on veut, on peut. On peut débloquer l’argent nécessaire à une justice digne. On peut construire un lieu adapté. On peut trouver le personnel pour accueillir, guider, soutenir le justiciable. On peut se donner le temps de juger. On peut, en somme, s’obliger à être à la hauteur de sa réputation de pays des droits de l’homme.

Les gens de justice saluent cette réussite. Le défi était immense, l’erreur interdite. Mais ils songent aussi, amères, à tous les renoncements auxquels ils se heurtent au quotidien, dans cette justice de tous les jours dédiée aux anonymes qui se fissure et s’effondre. Cette justice où l’on renonce aux audiences, à la présence du prévenu en face de son juge, aux délais raisonnables, à la collégialité, voire à la justice elle-même quand on prétend juger et condamner à 3 heures du matin. Cette justice qui finit par chercher son salut dans le numérique et ne s’interdit pas de rêver de confier à un robot ce que les hommes pensent ne plus avoir les moyens de faire.

Le procès des attentats du 13 novembre a montré que quand on veut on peut. Et quand on peut être à la hauteur de ses principes fondamentaux, de sa réputation, des attentes légitimes de ceux que l’on sert, alors on le doit.

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