Grand Paris

NotariElles, la première association de femmes notaires du Grand Paris

Publié le 21/05/2021

Créée en juillet 2019, NotariElles est la première association de femmes notaires en France. Elle réunit des consœurs du Grand Paris qui rassemble cinq départements. Aujourd’hui, l’association fait des émules et s’exporte dans d’autres régions pour favoriser les échanges et la proximité. Estelle Amram, notaire associée à Neuilly-sur-Marne (93) en est la fondatrice.

Les Petites Affiches : Pouvez-vous vous présenter ?

Estelle Amram : Je suis notaire depuis une dizaine d’années. Je suis spécialisée en droit immobilier et collectivités territoriales. Je suis également vice-présidente de la Chambre des notaires de Paris, j’ai été élue en septembre 2020 pour trois ans. Je suis enfin présidente de l’association NotariElles.

LPA : Quelle est la genèse de cette association ?

E.A. : Cela faisait plus d’un an que j’y pensais. J’ai commencé à en parler en décembre 2018. Puis, en avril 2019, un noyau de consœurs a été constitué. Ce qui a motivé cette création, c’est d’abord un constat : le nombre de femmes notaires augmentait. On est aujourd’hui plus de la moitié dans la profession et même 56 % de femmes dans le Grand Paris. L’idée était de se regrouper et d’échanger. Nous avons une sensibilité différente.

J’avais aussi envie de m’inscrire dans l’ère du temps, nous observons la multiplication des associations de femmes dans différents métiers (ingénieures, avocates, etc.). Le notariat est profondément inscrit dans la société et j’avais envie de l’inscrire dans cette tendance. Le réseau a une vraie signification. Nous avons donc d’abord organisé des réunions régulières jusqu’à se structurer en association en juillet 2019.

LPA : Qu’est-ce qui motive cette association ?

E.A. : Nos motivations sont celles que connaissent les autres professionnelles, les mêmes qui ont vu naître des regroupements de femmes chefs d’entreprise, femmes ingénieures ou autres professionnelles du droit. Cette association n’est pas une réaction à quelque chose mais la réalisation d’une envie d’échanger, de partager et de s’enrichir mutuellement.

LPA : Pourquoi avoir choisi l’échelle du Grand Paris ?

E. A. : Nous avions besoin d’un lien dans la métropole. La façon d’exercer notre mission dans les grandes métropoles est ancrée dans les types de dossiers et le type de clientèle. Surtout, nous avions besoin de proximité, même si aujourd’hui beaucoup de rendez-vous se font à distance. Les membres de l’association sont profondément ancrées dans le Grand Paris. Les notaires des départements ont développé la marque du Grand Garis donc pour nous c’était plutôt logique.

LPA : Combien comptez-vous de membres ?

E.A. : Nous sommes actuellement 26 membres, toutes des notaires en titre, et tous les statuts sont représentés (associée, salariée, individuelle). Nous souhaitons conserver la convivialité mais aussi augmenter le nombre de nos membres. La période actuelle est plus difficile parce qu’il y a, de fait, moins d’événements. Nous avons tout de même réussi à organiser un webinaire en mars dernier qui a permis à de nouvelles consœurs de nous rejoindre.

LPA : Quelles sont les missions de l’association NotariElles ?

E.A. : Nous avons plusieurs axes de développement. Nous avons d’abord un axe professionnel où l’on va échanger sur des points juridiques, avec du partage d’expériences. Nous échangeons sur nos pratiques professionnelles ou sur les questions de management. Les questions d’actualité juridique sont aussi discutées et, de façon plus large, l’évolution de l’association. Nous souhaitons également avoir des actions au niveau associatif en soutenant par exemple des projets d’étudiantes. Lors du webinaire du 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous avons abordé les clés pour débuter sa carrière notariale. Ce webinaire s’adressait en particulier aux étudiants et étudiantes de Licence, Master 1 ou Master 2. Nous avions accueilli une psycho-praticienne qui a développé la question des pensées limitantes ainsi qu’un intervenant qui dispense des cours dans le cadre du diplôme supérieur du notariat. Des notaires stagiaires ont pu expliquer aux étudiants et étudiantes comment faire le meilleur stage possible en étant proactif.

LPA : Vous parlez de pensées limitantes. Y-a-t-il des freins pour les femmes dans la profession ?

E.A. : Je ne pense pas qu’il y ait des freins dans notre profession. Le nombre de femmes notaires est de 56 %. Nous avons 40 % de femmes notaires associées et 70 % de salariées. Les freins peuvent venir de croyances qui sont parfois ancrées en nous. Il faut en avoir conscience pour pouvoir les dépasser. Je suis pour améliorer la vision que les femmes ont d’elles-mêmes.

LPA : Avez-vous noté des codes masculins dans le notariat, longtemps resté l’apanage des hommes ?

E.A. : Il y en a sûrement eu mais aujourd’hui, avec la féminisation de la profession, la présence de femmes est naturelle. Je ne vois pas ce genre de codes, même si la profession reste un reflet de la société.

LPA : Êtes-vous liées à Notaires au féminin.com ?

E.A. : Nous n’avons pas forcément de lien parce que nous n’avons pas les mêmes objectifs. Notaires au féminin.com est national quand nous sommes ancrées dans notre territoire. Mais toute nouvelle association de femmes est positive quand elle crée du lien.

LPA : Qu’est-ce qui devrait évoluer dans la profession ?

E.A. : Le notariat évolue vite et est très dynamique. Effectivement, nous avançons dans ce sens pour identifier les points à améliorer.

LPA : Qu’a pu apporter NotariElles à ses membres depuis le début de la crise ?

E.A. : Nous avons maintenu le lien, communiqué notamment avec un groupe WhatsApp pour se soutenir, surtout pendant le premier confinement. Nous avons gardé toutes les réunions en visio. Il y a un vrai besoin de pouvoir parler de son métier, d’éventuelles problématiques, et l’association y répond. Quand on est en situation de pandémie, on a encore plus besoin d’échanger entre consœurs. Notre association a aussi permis d’aider à résoudre des problèmes techniques.

LPA : Quelles sont les pistes de développement pour l’association ?

E.A. : Nous avons pour ambition d’inciter d’autres consœurs en provenance d’autres régions à créer des associations NotariElles, toujours sur le même principe de proximité, de bienveillance et de confraternité. En 2020 a été inaugurée Notarielle Var. Nous les avons aidées pour créer leur association : statut, charte, fonctionnement. D’autres sont en train de voir le jour dans d’autres régions. À terme, nous pourrons faire des réunions afin d’étendre les relations des différentes associations. Au sein du Grand Paris, c’est vrai que la situation de confinement est compliquée comme partout. Mais nous espérons mener de nouvelles actions et améliorer tout ce qui touche au développement professionnel ou humain de nos membres, par des formations par exemple.

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