« Tribune des 3000 » : Une journée de mobilisation nationale annoncée le 15 décembre
Dans le prolongement de la « tribune des 3000 », magistrats, greffiers et avocats ont décidé de s’unir pour organiser une grande journée de mobilisation le 15 décembre prochain.
C’est confirmé, magistrats, greffiers et avocats sont tombés d’accord pour s’unir dans le prolongement de la tribune des 3000 magistrats publiée le 23 novembre, aujourd’hui signée par près de 6000 professionnels, pour organiser une grande journée de mobilisation le 15 décembre prochain. Celle-ci sera l’occasion de manifestations dans toute la France ainsi qu’à Paris, dans un lieu qui reste à déterminer.
Autrement dit, loin de se tasser, la mobilisation des magistrats suite à la tribune publiée dans le Monde est en train de prendre de l’ampleur dans les juridictions. Cette révolte a pris tout le monde de court, à commencer par les syndicats qui n’imaginaient pas un instant, en publiant ce texte, qu’il déclencherait une telle émotion.
Fait exceptionnel, la tribune a obtenu le ralliement des premiers présidents et des procureurs généraux :
ainsi que des chefs de juridiction :
Appel des 3000 chefs de juridictions
et des associations :
La mobilisation a également très vite reçu le plein et entier soutien des avocats. Certes, les magistrats ne les avaient pas forcément soutenus lors de la grève qu’ils avaient organisée en janvier 2020 pour défendre leur système de retraite. Certains même les avaient ensuite accusés d’avoir aggravé l’état de l’institution en paralysant les juridictions, juste avant la crise sanitaire. Mais les avocats ne leur en ont visiblement pas tenu rigueur. Et pour cause ! Ils subissent de plein fouet, ainsi que leurs clients, les conséquences d’une institution judiciaire à bout de souffle. La grande famille judiciaire a donc vite compris, malgré les dissensions qui parfois la déchirent, qu’elle avait intérêt ici à serrer les rangs.
Les principales institutions représentant les avocats ont donc manifesté publiquement leur soutien.
Qu’il s’agisse de la Conférence des Bâtonniers,
➡️réunis en AG, les bâtonniers et la conférence des bâtonniers apportent un soutien indéfectible au monde de la justice, suite à la tribune historique publiée le 23 novembre dernier dans le @lemondefr @COBHAF @COBEST6 @ConfRegBatOuest pic.twitter.com/9BkQ2nfTrm
— ConférenceBâtonniers (@Conf_Batonniers) November 30, 2021
du Barreau de Paris :
🔴Motion de soutien du Conseil de l’Ordre à « L’appel des 3000 ». Leur souffrance à devoir rendre une #justice ds des conditions dégradées est également ressentie par les justiciables & par les avocats qui les assistent ds des procédures tjs plus longues https://t.co/C56nU17w2J
— Avocats de Paris (@Avocats_Paris) December 2, 2021
ou du Conseil national des barreaux.
[🗞À LIRE] Réaction du président @GavaudanJ reprise par @afpfr à la suite de La Tribune des magistrats dans @lemondefr. « Le combat des magistrats est juste. Il est bon, il est nécessaire et nous le soutiendrons » 👇 pic.twitter.com/SLjXfWX8Ck
— Conseil national des barreaux – les avocats (@CNBarreaux) November 24, 2021
A l’Elysée comme Place Vendôme, cette révolte a des allures de cheveu sur la soupe. Et pour cause, elle court-circuite les Etats généraux de la justice qui partaient (un peu vite) de l’idée que les problèmes de moyens étaient réglés et qu’il était désormais possible de travailler sur la modernisation de la justice. Ce qu’expriment avec une force aussi inattendue qu’inédite les professionnels de justice, c’est que précisément, les problèmes de moyens n’ont jamais été aussi criants et que c’est à cela qu’il convient de s’attaquer en priorité.
Certaines juridictions ont d’ailleurs exprimé leur refus de participer aux Etats Généraux, dénonçant un inutile exercice de communication. C’est le cas par exemple du TJ de Lorient,
Et ça continue ! Les magistrats lorientais boycottent les Etats généraux de la Justice (AFP) : Les magistrats du TJ de Lorient ont voté mardi à l'unanimité une motion dans laquelle ils expriment leur refus de participer aux EGJ qualifié d'exercice inutile et inefficace".
— Friat Ludovic (@FriatLudovic) November 23, 2021
ou encore de celui d’ Aix-en-Provence :
À Aix, pour être dans la médiane européenne, il faudrait 79 magistrats au siège au lieu de 49 et 60 magistrats au parquet au lieu de 16! #manquedemoyens #JusticeMalade : ça n’est pas dans les débats des #EtatsGenerauxDeLaJustice ! pic.twitter.com/oHmSe04MHB
— Union syndicale des magistrats USM (@USM_magistrats) November 30, 2021
Initialement les groupes de travail devaient remettre leurs conclusions mi-janvier. Ce devait être le grand soir de la procédure pénale, on ne s’interdisait pas de remettre en cause des décrets Magendie en matière civile, on s’apprêtait à envisager éventuellement de supprimer les prud’hommes, on ambitionnait de faire évoluer le statut du parquet, ou encore de revoir (une nouvelle fois) la carte judiciaire…Bref, la justice modernisée devait constituer l’un des axes forts du prochain quinquennat. Et patatras ! « La tribune des 3000 rend nulles et non avenues les propositions en cours d’élaboration dès lors qu’elles portent sur la procédure, le statut, la carte judiciaire, mais ne répondent pas à la préoccupation criante des moyens » confie un membre d’un des groupes de travail.
Tout le monde cherche donc une idée pour sortir par le haut de la crise.
A suivre…
Mise à jour 6 décembre à 18h46 : Un communiqué publié ce jour par une quinzaine d’organisations professionnelles représentant les métiers de la justice confirme l’information que nous avons publiée vendredi : une journée de mobilisation aura lieu le 15 décembre. A Paris, la manifestation se tiendra à midi, à Bercy.
Voici le texte du communiqué.
Référence : AJU259399