Le bilan de la délinquance en 2022 n’est pas bon

Publié le 06/02/2023
Certes, la COVID a perturbé les statistiques de la délinquance ces deux dernières années en engendrant des baisses du nombre de certains délits et donc des effets de rattrapage. Mais les mauvais chiffres de 2022 doivent quand même alerter. Les explications de Julien Sapori, commissaire divisionnaire honoraire. 
Le bilan de la délinquance en 2022 n'est pas bon
PARIS – APRIL 27: French police control the street, Paris the 27 april 2013, France. Paris is one of the most populated metropolitanareas in Europe
Le bilan de la délinquance pour l’année 2022 vient d’être publié, et il n’est pas bon. Il faut toutefois le contextualiser, et prendre en considération que ceux des deux années précédentes avaient été, en quelque sorte, « altérées » par l’épidémie du COVID et son cortège de mesures de confinement prises en 2020 et 2021, ainsi que par une nouvelle sensibilité exprimée par l’opinion publique face à certaines infractions pour lesquelles, auparavant, on était moins enclin à déposer plainte.
Mes observations se concentreront pour l’essentiel sur la « délinquance de masse », celle qui impacte le plus le quotidien de la population comme des forces de l’ordre.

Les violences intrafamiliales en hausse de 17%

Parmi les hausses les plus importantes, on retrouve les violences intrafamiliales (plus 17%) et les violences sexuelles (plus 11%). L’augmentation de ces rubriques s’explique en grande partie par une plus grande sensibilité de la société face à ces infractions, les victimes déposant désormais plus facilement plainte que par le passé. Je ne pense pas qu’on puisse, donc, évoquer une dégradation objective de la situation : nous sommes plutôt dans le cadre d’une évolution de fond, en soit positive car elle réduit la part de la « délinquance grise » jusqu’ici mal prise en compte, qui exige une réponse adaptée de la part des services de police et de gendarmerie, ainsi que de la justice.
Les coups et blessures volontaires augmentent aussi (plus 14%). Dans ce cas, l’explication est différente, et relève, je crois, de l’ « ensauvagement » de la société souvent évoqué et qu’il me semble être difficilement contestable.
Les cambriolages des logements avaient diminué de 13% en 2020 et étaient restés stable en 2021 ; ils ont augmenté de 13% en 2022. On referme ainsi l’anomalie manifestée par ces deux ans de COVID, à l’occasion desquels le confinement de la population a dissuadé les cambrioleurs de sévir.

Usage de stupéfiants : + 51%  en deux ans

Pour ce qui concerne les stupéfiants, le nombre des personnes mises en cause pour simple usage, a fortement progressé dès 2021 avec la mise en place du dispositif des amendes forfaitaires délictuelles : plus 38%. Il a encore augmenté en 2022 de 13% (soit plus de 51% en deux ans). Par contre, le nombre de mis en cause pour trafic de stupéfiants n’a progressé, en 2022, que de 4%. Ces chiffres illustrent parfaitement la stratégie gouvernementale en matière de lutte contre les stupéfiants, qui se concentre davantage sur les consommateurs que sur les trafiquants. Elles nous expliquent, aussi, les raisons profondes du projet de loi LOPSI, prévoyant pour 2023, la suppression des services territoriaux de la Police Judiciaire, l’ensemble des forces de l’ordre étant désormais orientées vers la lutte contre les points visibles de deal, au détriment des enquêtes de longue haleine s’attaquant aux réseaux de trafiquants.
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