Yvelines (78)

Entrepreneuriat : « Tout est encore à réinventer »

Publié le 06/01/2022

Dirigeant et fondateur de la société Didaxis, Guillaume Cairou, est le nouveau président de la Chambre de commerce et d’industrie Versailles-Yvelines. Cet entrepreneur, pur-sang Yvelinois, prend la tête d’une assemblée renouvelée et paritaire. Il souhaite notamment « mettre en place localement des projets pour qu’ils puissent être dupliqués au niveau régional et national ».

Actu-Juridique : Comment abordez-vous votre mandat dans le contexte actuel ?

Guillaume Cairou : Mon état d’esprit ainsi que celui de l’équipe de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Versailles-Yvelines, est très positif. Je vois en la crise que nous traversons depuis presque 2 ans une véritable opportunité pour toutes les personnes et tous les Yvelinois souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat. La CCI est évidemment présente pour les accompagner dans leurs parcours et dans leurs réflexions. Il s’agit de tirer des conséquences et des bilans bien différents de cette tempête sanitaire ; nous sommes persuadés que tout est encore à réinventer ; notre façon de travailler, de nous alimenter, de nous soigner ou encore de consommer. Nous avons pu, durant toute cette année de campagne, mesurer la résilience des entrepreneurs et du tissu économique yvelinois. De nombreuses entreprises se sont notamment transformées pour faire face à la pandémie. Cela nous pousse à être optimistes en ce début de mandat.

AJ : Quelles seront les conséquences des transformations dont vous parlez pour le monde de l’entrepreneuriat ?

G.C. : Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la crise a permis d’accélérer les créations d’entreprises. En France, entre mai 2020 et mai 2021, un million d’entreprises ont été créées. Cela prouve bien, il me semble, que notre économie est en train de prendre un tournant, le tournant de l’entrepreneuriat. Les CCI doivent donc, plus que jamais, communiquer sur l’essence des entreprises, sur leurs missions sociales et sociétales et sur leur rôle face aux multiples transformations que connaissent nos sociétés, notamment numétiques et climatiques. Dans les 10 prochaines années, le nombre d’entrepreneurs doublera. Cela va constituer un défi pour les CCI mais également pour les chambres de métiers et de l’artisanat ainsi que pour les chambres d’agriculture. In fine, la pandémie n’a fait qu’accélérer un phénomène qui était patent, celui du désir d’autonomie professionnelle.

AJ : Quels sont les besoins, et peut-être les manquements, d’un département comme celui des Yvelines ? On peut en effet souligner l’ambivalence de ce département, urbanisé et rural, riche et pauvre.

G.C. : Je pense que les Yvelines comptent au niveau national. On y retrouve, en effet, toutes les industries françaises majeures. Je pense bien entendu à l’automobile, à l’aéronautique, à la défense. Mais on y retrouve également des champions de la mobilité décarbonée, du numérique, de la transition écologique, de la santé, de la recherche et développement (R&D), et tout un écosystème de start-ups innovantes, qui ont fait le choix de s’implanter sur le département. C’est le cas récemment des opticiens Krys qui, ayant préféré la France à l’Asie, viennent d’annoncer la relocalisation d’une partie de leur production dans leur usine de Bazainville. En réalité, le département des Yvelines est un résumé à lui seul des enjeux nationaux, avec des entreprises en déclin, qui détruisent des emplois, et des industries du futur, qui en créent de nouveaux. Et c’est au sein de cette transformation économique qe nous allons nous atteler à faire des Yvelines un moteur régional et national.

AJ : Vous n’avez pas toujours baigné dans le monde de l’entrepreneuriat. Pensez-vous que votre parcours, plutôt atypique, soit un exemple pour les plus jeunes issus des quartiers défavorisés ?

G.C. : J’ai grandi, il est vrai, dans un quartier prioritaire de la politique de la ville. Issu d’un milieu ouvrier, j’ai passé une partie de ma scolarité à Mantes-la-Jolie. Plus qu’un exemple, c’est un message que je souhaite faire passer : l’ascenseur social fonctionne dans notre pays ; l’entreprise, qui permet aux individus de se réaliser, est une chance pour chacun d’entre nous. Personnellement, lorsque j’étais petit, je n’avais pas le rêve d’être entrepreneur et d’être à la tête d’une entreprise – Didaxis – employant 700 salariés. Après une formation de fonctionnaire, je suis devenu éducateur de rue, professeur de physique-chimie puis consultant et entrepreneur. À travers mon parcours, je souhaite montrer que l’entrepreneuriat est ouvert à tous, indépendamment du milieu dont nous sommes issus. La diversité des parcours et des populations est d’ailleurs une richesse pour un territoire et son développement économique.

AJ : Diversité constitue d’ailleurs un mot utile pour qualifier la nouvelle équipe de la CCI 78. Vous faites le pari du renouveau, pourquoi ?

G.C. : Sans prétention malvenue, je pense qu’on dispose de l’équipe la plus diversifiée et complète que l’on puisse imaginer. Parmi les 30 membres qui constituent l’assemblée de la CCI Versailles-Yvelines – dont 23 nouveaux élus – nous avons toutes les industries représentées, mais également toutes les formes de commerce, toutes les tailles d’entreprise, et tous les parcours. C’est unique. Tout comme moi, certains membres de l’équipe sont issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville. D’autres viennent des territoires ruraux. Ce sont toutes les Yvelines qui sont représentées, tous les entrepreneurs et commerçants du territoire. 23 nouveaux membres, sept « anciens » ; cela constitue un bon équilibre entre expérience et renouveau. Enfin, cela va sans dire, cette nouvelle assemblée est paritaire.

AJ : À l’échelle de l’Île-de-France, comment envisagez-vous le travail au quotidien avec les autres chambres de commerce et d’industrie de la région ?

G.C. : La coopération est naturelle puisque chaque CCI départementale est membre de la chambre régionale au sein de laquelle il existe des espaces d’échanges et de rencontres. Nos territoires sont évidemment très connectés, les frontières n’existent pas vraiment pour les entrepreneurs . Au sein de la CCI Versailles-Yvelines, nous souhaitons mettre en place localement des projets pour qu’ils puissent être dupliqués au niveau régional et national, à l’image d’une courroie de transmission. À l’inverse, nous sommes attentifs aux bonnes pratiques de nos voisins.

AJ : En tant que chef d’entreprise et citoyen, quel regard portez-vous sur les annonces faites pour les entreprises par les candidats à l’élection présidentielle ?

G.C. : Nous avons la chance d’avoir une Yvelinoise parmi ces candidats : Valérie Pécresse. C’est important pour ce territoire car, plus que quiconque, elle connaît les enjeux économiques du département. Le dynamisme de l’économie et de l’entrepreneuriat dans les Yvelines fait que les ministres et les présidents se déplacent toujours ici conformément à la formule que je vous donnais : « Les Yvelines comptent au niveau national ». Ainsi, au-delà d’un positionnement politique, il est intéressant de constater que quel que soit le candidat élu, et cela se vérifie autant actuellement que par le passé, une attention particulière sera portée à notre territoire. On peut également citer le président du Sénat, Gérard Larcher, qui est Yvelinois ainsi que des députés importants élus du territoire ; je pense à Jean-Noël Barrot, Marie Lebec ou encore Aurore Bergé. À la région Île-de-France, nous avons des représentants du territoire de poids tels qu’Alexandra Dublanche ou Othman Nasrou. Cela prouve, il me semble, la bonne dynamique inscrite des Yvelines. Lors de mon année de campagne j’ai toujours été rassuré par les propos des élus que j’ai rencontrés. qui sont tous favorables à l’entreprise et à l’entrepreneuriat. Ils comprennent les problématiques des entrepreneurs. Nous n’avons pas, dans les Yvelines, des élus hors-sol qui nieraient, par exemple, le rôle fondamental de l’entreprise dans le tissu social d’un territoire.

In fine, peu importe les résultats de l’élection présidentielle, il nous faudra une vision commune pour les entreprises et les entrepreneurs.

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